Avalon se regarda dans le miroir encore un peu embué de la salle de bain. C’était une belle femme qu’elle voyait dans ce reflet, elle tira un peu la peau de son visage mais heureusement aucunes rides n’apparaissaient, ses cheveux restaient noirs de jais sans aucune touche de blanc. Ses seins toujours aussi fermes étaient sa fierté, elle les soupesa ornés de leur beau soutien-gorge en dentelle noire. Son ventre par contre portait de légers stigmates de sa grossesse passée, ses doigts se crispèrent près de son nombril à la seule pensée de son enfant décédé. Si elle continuait sur ce chemin elle allait penser à tout ce qu’elle avait perdue, son mari entre autres.

Elle enfila un pantalon noir et passa une chemise blanche, légèrement décolleté qui laissait deviner son soutien-gorge précédemment cité. Elle se maquilla légèrement mais assez pour mettre son regard dur en valeur, elle était plus impressionnante avec un trait d’eye liner, ça faisait toujours son petit effet. La jeune femme passa dans sa chambre, choisit un trench confortable qu’elle noua autour de sa taille menue et descendit au salon pour se munir de son sac et finir sa tasse de thé.

La sonnerie de son téléphone l’arracha de la contemplation de son petit jardin. Elle pinça les lèvres et plongea la main dans son sac. Evidemment le téléphone lui échappait, caché dans un recoin sombre de son immense sac. Elle fulmina encore quelques secondes avant de mettre la main dessus et de décrocher.

« Qu’est ce qu’il y a encore ?
-Toujours un plaisir de vous avoir Madame Blackfield. »

Avalon leva les yeux au ciel, son supérieur à Interpol avait le chic pour l’appeler quand ce n’était pas le moment et quand elle n’arrivait pas à trouver son téléphone. Elle regarda sa montre, elle n’avait vraiment pas envie d’être en retard.

« Vous avez une minute, je suis pressée.
-Concernant le dossier SandStorm, je n’ai toujours pas reçu votre rapport. Et il faudrait que je vous voie j’ai une autre mission à vous confier, et peut être une mission en zone sensible.
-J’ai des affaires en cours sur Londres pour le moment, appelez mon assistante pour prendre rendez vous dans la semaine. Bonne journée. »

Elle raccrocha sans plus de cérémonie, oui elle était insolente mais son supérieur avait l’habitude et elle était la meilleure dans son domaine, personne ne lui arrivait à la cheville donc il ne pouvait pas la virer juste parce qu’elle lui manquait de respect de temps en temps. La sorcière regarda sa montre, nom de dieu elle allait être à la bourre. Elle monta dans sa voiture et se mit en route. Heureusement Zohra lui avait donné rendez-vous chez elle. La harpie avait bien essayé de lui proposer un vieux taudis en ruines pour se retrouver sans risques mais Avalon avait refusé avec virulence, hors de question qu’elle aille se trainer dans une cave crado.
Et quand on n’a rien à se reprocher on ne se cache pas, n’est ce pas ? Elle se gara devant la maison St – John, monta les quelques marches jusqu’au perron et sonna.

     

Son époux avait beau être enfermé dans ses quartiers, à l'abris du soleil pour s'assoupir, Zohra évoluait dans l'immense appartement telle une solitaire. Et surtout sans se soucier du bruit qu'elle pouvait bien faire. Une provocation parfaitement gratuite, qui lui donnait des airs de peste... mais qui l'aidait surtout à maintenir cet écart entre lui et elle, en l'absence d'Alrun ou de Khalan. C'était très rare en réalité, que les deux St-John ne demeurent en présence l'un de l'autre sans protagonistes autour d'eux. Alors cette "intimité" déplaisante, Zohra la fissurait en se donnant de grand airs, détestables si possible. Mais ce n'était pas entièrement gratuit. Et si elle virevoltait aujourd'hui de son salon privé à sa cuisine d'appoint, au milieu de toutes cette végétation, c'était parce qu'une invitée ne tarderait pas à entrer dans son univers. Une chose trop rare, d'après les dires d'Alrun... Mais suffisante du point de vue de la Harpie qui n'avait pas l'intention de voir en cette visite importune, une marque d'amitié. Avalon Blackfield était une cliente. Qui parfois collaborait avec elle... pourtant elle restait avant toute chose une personne qui n'avait rien à faire dans son cercle privé. Et ce, malgré une personnalité qui faisait souvent sourire la Harpie. Le truc, c'était qu'elle n'avait pas hésité à la faire venir chez elle alors que la Sorcière refusait un rendez-vous dans une planque qu'elle imaginait sans doute déjà miteuse. Enfin ... S'empressant d'enfiler une simple robe trapèze très cintrée aux tons carmin, elle retourna à ses épices qui embaumaient encore le jardin d'hivers d'un charme Indien.

La Harpie laissa son majordome ouvrir à la Sorcière, et le laissa l'annoncer une fois accompagnée jusqu'au dernier étage du triplex. Ainsi, Zohra sautilla sur ses pieds nues jusqu'à Avalon pour l’accueillir en s'inclinant légèrement, accompagnant le geste d'un namaste, paumes jointes devant son visage.

Avalon ! Atithi Devo Bhavo, bienvenue ! Je ne t'attendais pas plus tard qu'à cet instant précis. Ta ponctualité est louable, comme toujours.

Ne jamais vouvoyer avait le don d'en froisser plus d'un, mais la Sorcière ne dérogait pas à la règle. Puis sans la toucher, et toujours souriante, elle ajouta avant de s'éclipser vers la cuisine d'appoint.

Retires tes chaussures mon amie, et viens t'asseoir. Tu aimes le masala chaï ?

Mais la Harpie n'attendait pas de réponse, et apportait déjà un plateau muni d'une théière et de deux verres à thé Indien. Elle déposa ce dernier sur la table basse avant d'en servir un à Avalon, de le lui tendre, avant de se laisser tomber sur un pouf coloré. Porter une robe de créateur n'avait que faire, et Zohra n'était pourtant pas dépourvue d'une certaine élégance. A cet instant, elle garda le silence en observant Avalon une certaine curiosité, attendant que son invitée ne se manifeste sur ses intentions, et la raison de sa présence ici...

     

Un majordome ? Carrément? Voila une qui ne se refusait rien. Elle avait plusieurs fois voulu un majordome, quelle plaie de devoir aller ouvrir la porte quand on est bien calé dans son fauteuil avec un bon livre sur les genoux, mais elle n'avait pas envie d'avoir un planton dans les pattes, ni quelqu'un qui fourre son nez dans ses affaires. Elle avait bien assez de sa secrétaire à gérer. Mais c'était quand même une option qu'elle étudiait de temps en temps.

Le pingouin la mena jusqu’à un salon démesuré, Avalon apprécia le luxe de la pièce et elle était bien contente de ne pas avoir laisser le choix à Zohra de l’accueillir dans son antre. C'était bien plus classieux qu'une cave miteuse elle ne savait où sous la Tamise. Avalon n'aimait pas beaucoup frayer avec les harpies, c'était des êtres qu'elle trouvait pour le moins répugnant mais dans le cas de Zohra elle devait revoir son jugement, cette femme avait un certain gout.

Madame Avalon Blackfield, chamane du clan Blackfield.

Elle haussa un sourcil en direction du pingouin en se demandant comment il pouvait savoir cela. Puis l'arrivée de la maîtresse de maison coupa ses réflexions, pieds nus elle gambada vers elle comme un faon dans la foret et s'inclina à la façon indienne. Soit. Mais Avalon ne s'abaisserait pas à ce genre de coutume triviale, elle se contenta donc d'incliner la tête vers son hôte.

La ponctualité est une preuve de sérieux, toujours être à l'heure sans être en avance ni en retard. C'est une marque de respect aussi.

Petit message pour l'indienne, si elles devaient se revoir Zohra avait tout intérêt à être ponctuelle autant qu'Avalon. Elle ne s'offusqua pas du tutoiement, les gens n'étaient en général pas aussi distingué qu'elle. Si elle voulait jouer sur le terrain de la familiarité la sorcière n'y voyait pas d'inconvénients. Avalon haussa de nouveau un sourcil quand la harpie lui demanda de quitter ses chaussures, ses superbes louboutins? Elle grimaça mais les enleva quand même, elle détestait être pieds nus mais tant pis.

J'imagine que demander des chaussons serait inconvenant.

Elle se choisit un siège comme lui indiquait l'indienne et pris la tasse qu'elle lui tendait. Utilisant un peu de sa magie elle analysa le contenu de la tasse pour y déceler un quelconque poison. C'était une mesure de sécurité qu'elle utilisait depuis la mort de son père, un peu de parano permettait de rester en vie. Elles s'observèrent un instant avant que Avalon ne repose la tasse.

J'aurai besoin de tes services. Je sais que tu peux m'obtenir certaine choses qui ne sont pas sur le marché habituel.

   

L'avantage de ce majordome, c'était qu'il était Humain. Là où beaucoup tiquait d'ailleurs : une créature qui embauche un humain, quelle folie ! Mais l'employeur n'était autre qu'une Harpie et ce pauvre humain subissait régulièrement des hypnoses capable de le rendre aussi discret que muet quand à son emploi une fois à l'extérieur de la demeure St-John. La belle affaire. Ainsi Zohra n'hésitait pas à lui confier le secret de certaines identités, puisqu'il était facile de l'abrutir totalement. Une fois que le majordome eut accomplit sa mission, il disparut en fermant la porte de cet incroyable salon d'hiver, laissant les deux femmes à leur affaire. Quant à la remarque sur la ponctualité, elle ne fit qu'arracher un rire amusé à l'Indienne qui n'y fit aucune allusion par la suite. Rapidement, Zohra termina d’accueillir la Sorcière mais ne manqua pas de lui répondre sur le ton badin de la conversation :

Très inconvenant, en effet.

Son toit, ses règles. Et même s'il aurait été probablement possible de lui trouver quelque chose, Zohra n'en fit pas l'effort. Elle avait beau être chaleureuse, la Harpie ne se pliait pas en quatre... et cela fixait des limites intéressantes. Fixer Avalon Blackfield en attendant que cette dernière ne veuille bien énoncer l’objet de sa présence était amusant. A vrai dire, Zohra jouait souvent sur ce choc des cultures qu'elle apportait volontaire dans ses conversations. La Harpie avait largement de quoi adhérer au mode de vie des Anglais, depuis le temps qu'elle était ici. Mais c'était un moyen de déstabiliser comme un autre... et il était ainsi plus simple de voir à travers les intentions des gens. Face à la Sorcière, elle sentit une hésitation quand au contenu de la tasse... S'imaginait-elle que la contrebandière pouvait y avoir glissé quelque chose de peu recommandable ou bien avait-elle peur de gouter à quelque chose d'immonde ? Les deux idées amusèrent la Harpie, qui garda le silence sans souffrir d'aucun malaise jusqu'à ce qu'Avalon prenne enfin la parole.
Un petit sourire étira ses lèvres alors qu'elle y portait sa tasse de Massala Chaï. Et après en avoir prit deux petites gorgées, la tasse fut reposée sur la table.

Évidemment, j'imagine bien que tu n'as pas forcé ma porte pour me faire la conversation.

Cela n'était pas dit autrement que sur le ton très léger qu'elle abordait souvent, mais on pouvait y déceler une petite moquerie sous-jacente. Son regard luisait d'ailleurs de cette expression discrète mais si particulière, de ceux qui sous-entende quelque chose qui brûle leurs lèvres. Zohra enchaina donc en souriant d'avantage.

Et bien, si tu me disais précisément de quoi il s'agit. Tu sais que je travaille avec des exploitants très doués, je peux avoir tout ce qui te fait plaisir. Mais comme toujours, tu le sais aussi, cela aura un coût...

Pour payer sa riche demeure, oui oui ! C'était cela le plus drôle, la présence d'Avalon ici avait quelque chose de très ironique. Mais pour rendre l'atmosphère moins chargée, Zohra se redressa sur ses deux jambes et proposa :

Mais je manque à tous mes devoirs... As-tu faim ?

     

Avalon n'appréciait pas être pieds nus, déjà elle perdait dix centimètres qui habituellement lui permettaient de dominer son monde et ses interlocuteurs et aussi parce qu'elle exécrait le contact du sol froid sur ses pieds délicats. Elle se remercia mentalement d'avoir toujours une pédicure parfaite, elle restait impeccable jusqu'au bout des doigts de pieds. La sorcière ne fit pas de réflexion mais la prochaine fois qu'elle avait à venir ici elle emmènerais ses propres pantoufles. Elle prendrais un malin plaisir à contourner les règles de son hôte.

Elle ne cacha même pas son hésitation face à la boisson qu'elle lui offrait, Avalon était parano au possible, mais c'est ce qui lui permettrait de rester longtemps en vie. Elle c'était fait beaucoup d'ennemis et comptait s'en faire d'autre; vérifier ce qu'on lui servait à boire était le minimum vital pour elle. Zohra ne sembla pas s'en offusquer, et de toute façon la sorcière se moquait bien de la heurter ou non. Une fois sure de sa boisson elle trempa ses lèvres dedans, elle n'était pas fan de ce genre de boisson exotique. Elle eut un sourire narquois quand Zohra lui fit remarquer qu'elle c'était imposée chez elle.

J'ai passer bien trop de temps dans des planques miteuses au fin fond de l'Orient pour ne pas me terrer comme un cafard dans mon propre pays.

Évidemment qu'elle savait que ce qu'elle allait lui demander n'était pas gratuit, elle lorgna clairement l'immense salon dans lequel elle se trouvait, sous entendant que les époux St - John n'étaient surement pas dans le besoin. Mais elle n'était pas non plus en manque d'argent, elle pouvait même dire qu'elle avait de quoi arrêter de travailler et vivre très confortablement jusqu’à la fin de ses jours.

Le cout n'est pas un ...

Mais Zohra l'interrompit et se mit debout. Cette femme ne tenait pas en place? Elle n'était pas venu là pour prendre le thé en mangeant des petits gâteaux, elle était venue là pour faire affaires. Elle se douta que la question sur sa faim était rhétorique ainsi elle ne répondit que par un vague signe de la main.  Elle avait hâte d'en finir au plus tôt des affaires l'attendaient.

J'aimerais être rassurée sur un point : tu ne travailles pas avec ces abominables sionistes?

Cette question était cruciale et la réponse encore plus, si elle répondait quelque chose qui ne convenait pas à la sorcière celle - ci risquait de perdre tout contrôle d'elle même. [/color][/b]

   

Se terrer comme un cafard. N'était ce pas ce que toute créature devait faire en ce monde ? D'autant plus en se mouillant dans une contrebande de plus en plus prolifique. Avalon avait beau être une femme réfléchit (a priori...) et leader d'un clan de Sorciers, Zohra avait tendance à se demander si elle avait conscience de ce qu'il pouvait se tramer dans les ombres de la Harpie. Ne pas se cacher, c'était soit du suicide, soit de la stupidité. Mais l'heure n'était pas à la réflexion là-dessus, bien que Zohra prenait garde à ne pas laisser de traces derrière elle. La créature avait donc laissé passer cette réflexion tendancieuse, notant certaines choses pour elle même avant de filer chercher une assiette de biscuits secs aux fruits et aux épices fines. Elle la déposa devant Avalon, non sans s'en servir deux juste avant de retourner s'installer en tailleur sur son pouf multicolore. Le dos bien droit et les jambes nues, elle ressemblait d'avantage à une jeune femme candide qu'à la dangereuse créature qu'elle était réellement. Seul son regard pouvait trahir cette apparence. Brillant, perçant et vif.

Elle croqua dans un biscuit avec de déposer les autres et de prendre sa tasse entre les mains. Il n'y avait pas mieux pour négocier. Même si se trouver chez elle, dans son cocon personnel lui donnait l'impression de se trahir, ou de ne pas se concentrer suffisamment. Zohra était pourtant plus que braquée sur Avalon, prête à rebondir sur chaque mot que la Sorcière laisserait filtrer. Cette dernière laissa sous-entendre que l'argent n'était pas un souci, puis elle posa une question qui clairement laissa Zohra pantoise.

Travailler pour les Sionistes. La Harpie étouffa à peine le rire qui secoua son corps, alors qu'elle essayait de ne pas se montrer moqueuse. Il fallait dire que c'était une question légitime... mais venant de cette Sorcière aux lourdes responsabilités... non. Alors Zohra passa ses doigts sur son front dans un geste qui l'appelait elle même au calme plutôt qu'à l'hilarité, puis elle adressa un sourire cynique à son invité.

Penses-tu réellement que la nature de mes affaires me porteraient à travailler avec des Sionistes ?

Sur ce, elle poussa un soupire et secoua sa tête par la négative avant de prendre le temps de déguster un peu de son Massala Chaï. L'idée était pittoresque, et ne cessait de creuser les fossettes rieuses de la Harpie.

Je suis une créature Avalon. Une cible... Et mon trafic est destiné aux gens comme moi, ou comme toi. Il est produit des quantités d'ingrédients ou objets rares, des ventes d'humains vivants, d'organes ou de sang. Ce n'est pas quelque chose qui me semble être en corrélation avec une éventuelle collaboration Sioniste...

Elle remua pour creuser le pouf et accéder à plus de confort, tout en s'emparant du reste de son biscuit pour le mâcher un instant. Le temps peut être de laisser à Avalon le loisir de juger de la logique de son explication, qui ne lui paraissait pas déjà limpide auparavant. Puis elle haussa les épaules, haussa les sourcils et lâcha :

D'autres points à éclaircir ou bien nous pouvons y aller ?

   

Avalon n'était pas bête, elle savait que évoluer au grand jour sans vraiment se cacher pouvait être dangereux. Avant elle avait pris beaucoup de précautions, surtout pour protéger son clan et surtout Gowan. Mais depuis le drame, depuis qu'on lui avait arracher son coeur elle n'avait plus vraiment peur de ce qui pouvait lui arriver. Et peux lui importait d'emporter des gens avec elle dans sa chute. Avalon savait rester discrète sur sa nature, elle pouvait tout à fait simplement rendre visite à Zohra comme si elle était une amie ou une patiente. Avalon était peut être psychiatre militaire il lui était fréquent de traiter des civils, ses dossiers étant sous le sceau du secret médical elle pouvait justifier impunément cette visite sans aucun problème. Par contre se rendre dans une cave glauque à la limite de la ville alors que l'ont vis dans les beaux quartiers et qu'on porte des louboutins, ça c'était clairement grillé.

Un instant son esprit s'échappa vers Gowan, allez savoir pourquoi une pensée fugace lui vint, elle se dit que son mari aurait sans aucun doute adorer le style de la contrebandière. Gowan avait beau être du côté de la justice il aurait aimé le personnage un peu volubile que lui présentait actuellement Zohra. Avalon vit à peine les biscuits sur la table, elle secoua la tête pour chasser la terrible douleur que lui infligeait encore l'absence de son mari et saisit un biscuit d'une main légèrement tremblante. Elle devait se ressaisir. Et la réponse de Zohra l'y aida et lui échauffa le sang et glaça sa voix.

Ces ignobles sionistes savent enrôler n'importe qui dans leur rang. Ils te chassent comme ils en chassent tant d'autres dont moi même mais n'hésite pas à utiliser les forces de leurs proies si cela peur les servir. Ton petit business pourrait par exemple les aider à accéder à des gens tel que moi ou tant d'autre et faire tomber des têtes.

Avalon n'appréciait guère qu'on se moque d'elle. Sans s'en rendre compte sa magie électrisa un peu ses cheveux, un peu comme de électricité statique qui aurait posé un voile sur son corps. S'en rendant compte la sorcière souffla par le nez et tempéra ses ardeurs. Zohra était peut être tout bêtement une créature chassée qui commençait à se lasser d'une telle domination des sionistes. Elle croqua un biscuit - pas mauvais - et se cala un peu mieux dans son siège.

Parlons business alors. J'aurais besoin de quelques petites choses de base comme des herbes médicinales classiques, tout ce que tu pourrais me trouver ainsi que pour rester dans le médical de la morphine, de l'opium et de la ketamine. Il est de plus en plus difficile de les sortir des structures médicales. Ensuite j'aurais besoin de plusieurs organes humains et non humains, de préférence foie, coeur et poumons.

Pour l'instant sa liste restait correcte mais Avalon allait aborder une partie un peu plus difficile, elle but donc une gorgée de sa boisson et se renfonça dans son siège.

J'aurais aussi besoin de sang de Oupyr et de nephilims. Ainsi que d'une ou deux plumes de harpies.

Avalon vrilla son regard dans celui de la harpie en attendant sa réponse à ses requêtes.  

 

Son sourire n’eut de cesse de s’agrandir au fur et à mesure qu’Avalon parlait. L’agacement dans ce regard flamboyant était tout bonnement jouissif. Certes, la Harpie jouait peut-être avec le feu mais c’était une activité qu’elle pratiquait quotidiennement en tenant les rennes de son affaire. Et les personnalités échaudées n’étaient finalement pas le plus difficile à gérer. Elle se mordit même la lèvre comme une gamine insolente pour éviter de jeter de l’huile sur le feu. Avalon partait au quart de tour, avec une fabuleuse retenue qui donnait envie de la titiller plus encore avec le bâton de la moquerie. Direct encore les côtes, guili-guili ! Mais Zohra se contenta alors de l’écouter d’une oreille soi-disant distraite, à la manière de ceux qui font à peine mine de prendre garde à ce qui venait d’être dit. Mais son petit sourire, l’éternel entre les deux fossettes indiquait que la Harpie était en réalité tout à fait attentive à ce que disait Avalon. Jamais elle ne décrochait… Jamais. Son attention était constante et c’était peut-être l’une de ses plus grandes forces. En plus de l’argent… Et de ses pouvoirs. Enfin … hum, bref. Elle émit seulement un petit rire lorsque la Sorcière laissa échapper que le bisness de la créature en face d’elle pourrait être une merveilleuse manière de botter le cul à un maximum de bestioles. Effectivement. Mais l’argument que Zohra garda pour elle était simple : En plus d’être parfaitement anti-Sionistes et particulièrement extrémiste en matière d’humains… Se faire de l’argent était bien plus agréable que de collaborer avec ces immondes et nombrilistes Sionistes.

Répondre semblait alors moins amusant que d’observer Avalon criser intérieurement. Alors Zohra termina son premier biscuit, non sans revenir observer la créature au teint presque blafard assise sur son divan. Si la mine des occidentaux avait tout de maladif, celui d’Avalon frisait le morbide. Et ses longs cheveux noirs accentuaient cette impression… surtout avec toute cette électricité statique. Machinalement, Zohra passa une main sur ses cheveux impeccablement lisses, à l’épaisseur maitrisée à l’huile de Jasmin (le pas-secret des Indiennes wesh). Mais pas d’électricité dans l’air… Etrange. Elle haussant les épaules, puis s’empressa de sortir un calepin de sous la table basse en faisant tinter le fin matra à sa cheville, alors qu’Avalon donnait le coup d’envoi des négociations.  

Doucement Morticia…

Le bras tendu, l’Indienne écrivait dans sa langue natale la liste des éléments cités par Avalon. Sans jamais l’interrompre une seule fois. Dans son esprit déjà apparaissait les derniers comptes rendus des stocks et elle opinait du chef en silence alors que la Sorcière exprimait ses besoins sans ciller. La liste complète aurait fait pâlir n’importe qui… Mais Zohra les entendait comme s’il s’agissait d’une simple commande de fast food. Ce qui, dans le cas des organes était un peu le cas !  

Les plumes de Harpie seront les plus chères…

Question de fierté ! Zohra lâcha un regard espiègle à Avalon alors qu’elle se saisissait de son portable pour pianoter des ordres de-ci, de là. Avec des demandes comme celles-ci, c’était le jackpot assuré. Alors il fallait prouver son efficacité dès lors. Le regard pourtant rivé sur l’écran de son téléphone, Zohra s’adressait avec sérénité à la Sorcière.

Je dirais qu’effectivement la facture va grimper très vite. Tu as là des demandes très particulières mais je ne suis heureusement pas en mesure de les décliner. La plupart des produits que tu demandes t’attendront en bas de l’immeuble d’ici 20 minutes. Pour le reste… j’imagine qu’un délai d’une semaine est raisonnablement applicable. Question de qualité, et de fraicheur ! Alors, règlement en espèces bien sûr ?


A partir du moment où des organes se trafiquaient sous le manteau, les prix explosaient … pour le plus grand plaisir de la Harpie. Et justement, elle avait déjà écrit la somme toute ronde, coquette et à 6 chiffres qu’elle fit ensuite glisser sur la table jusqu’à Avalon, non sans un clin d’œil malicieux.

Forfait fidélité, 10 organes achetés, le 11ème offert. Top-là ?

   

Avalon savait que s'embraser si facilement n'était pas bon, avant elle savait mieux se maitriser peut être parce qu'elle avait des gardes fous puissants comme Gowan. Mais à présent elle n'avait plus grand chose qui retenait ses démons hormis son propre self control. L'indienne ressemblait à une gamine bien heureuse d'avoir fait grimper au rideau sa mère. Avalon se calme finalement même si la colère n'était pas loin, toujours sous la surface attendant le bon moment pour jaillir.

Quand elle entendit le surnom que venait de lui affubler la harpie Avalon ne put s'empêcher de sourire et d'émettre un petit bruit de gorge. Même si cette femme l'horripilait elle avait une répartie et un flegme qui commençait à lui plaire. C'est sur que sa peau blafarde paraissait quasiment transparente à côté de celle de Zohra. La référence à la famille Adam ne la gêna pas, elle avait eu beaucoup de surnom au cours de sa vie, Black Mamba était le plus utilisé dans l'armée mais Morticia lui plaisait bien aussi.

Le calepin se couvrait d'écriture qu'Avalon ne comprenait pas et elle se promis de commencer à apprendre l'indien. La liste s'allongea sans perturber Zohra, définitivement cette femme commençait à lui plaire, professionnelle jusqu'au bout des ongles elle ne bronchait pas. La réflexion sur les plumes la fit sourire de plus belle, elle n'en attendait pas moins.

Je m'en doute bien, mais elles sont puissantes j'en ai besoin. Si elle pouvait appartenir à une femelle ce serait d'autant mieux. Les femmes sont toujours plus puissantes que les hommes, toutes races confondues.

Elle lui jeta une œillade entendue tout en grignotant un nouveau gâteau, elle allait devenir accro à ces petites douceurs si ça continuait. Zohra lui expliqua les délais sans même ralentir le rythme de ses doigts sur le clavier de son téléphone. Avalon aimait avoir à faire à des gens professionnel et avec qui les choses étaient réglées rapidement, c'était le cas avec Zohra.

J'attendrais patiemment pour le reste c'est beaucoup plus rapide que n'importe quel autre fournisseur. Pour la qualité j'espère la retrouver, tu aura de mes nouvelles si ce n'est pas le cas de toute façon.

Avalon regarda à peine le papier qu'elle lui faisait glisser, le chiffre, une belle somme rondelette, était une bagatelle pour elle et son compte en banque quasiment illimité. La sorcière plongea la main dans son sac et sortit une enveloppe relativement épaisse et la poussa sur la table en direction de la harpie.

Il n'y a pas la totalité du montant. Je te ferais parvenir le reste quand j'aurais reçu le reste de mes .. Achats. J'imagine que tu comprends bien pourquoi.

La référence à la fidélité lui tira encore une fois un rire de gorge, même si cette femme était une harpie et que Avalon se méfiait de tout le monde elle n'aurait aucun mal à revoir Zohra les prochaines fois, ce serait un plaisir de traiter avec elle à présent. Avalon eu envie de faire un tour de passe - passe. Elle toucha du doigt la tasse vide de Zohra sur la table et pendant une seconde analysa la structure du liquide encore au fond, puis elle créa de nouveau la boisson et la tasse fut de nouveau pleine. Elle se rencogna dans son fauteuil.

Et si tu as besoin de mes talents n'hésite pas, je possède une collection de grimoires magiques rarement vue. Et des dons que tu n'imagine même pas.

 

Une fois lancée dans les affaires, le visage de la Harpie n’était plus le même. Il y avait bien encore cette malice latente, son sourire et ses piques acérées. Mais il fallait dire qu’elle était beaucoup plus… concernée. C’était presque un jeu pour elle que de trouver ce que les gens voulaient pour leur offrir loin des regards indiscrets. Chercher, marchander, conclure… contourner les regards et la loi. Si au début de son affaire, les risques à prendre lui semblaient parfois terrifiants et à raison, aujourd’hui l’appuie de sa fortune nouvelle et des services rendus à certaines Créatures hauts-placés lui donnait l’impression d’être intouchable. Elle ne l’était pas pourtant, les évènements récents lui rappelaient d’être plus prudente. Mais Zohra restait une passionnée, et les demandes d’Avalon étaient de celles qui faisaient vibrer son esprit de compétition. Elle nota les indications d’Avalon, non sans tiquer sur celles apportés quant aux plumes de Harpies. Mais un sourire étira ses lèvres muettes alors qu’un regard entendu fusait vers la Sorcière. Les femmes étaient les plus puissantes… Si seulement. Mais l’idée était agréable et elle laissa un rire secouer doucement sa gorge.

Vint ensuite le moment du paiement, et la Harpie fut surprise de voir l’enveloppe en kraft épais évoluer jusqu’à elle via la table blanche. Ça s’était inattendu… Avalon était donc plus que prévoyante. Plus encore, cela signifiait qu’elle était arrivée dans l’optique de payer et non seulement de négocier. Très bon point pour Zohra qui avait ferré une grosse cliente et son clan entier. Elle s’imaginait déjà forcer Hélios à refaire l’entrée de son cabaret… qui était neuve, mais qu’elle n’aimait pas du tout.

Je comprends, question de confiance oblige.  

Et puis, Zohra se redressa encore plus, à en faire craquer sa colonne lorsqu’Avalon s’était avancée pour toucher sa tasse. Mais qu’est ce qu’elle lui voulait celle-là… Pouvait pas toucher à la sienne non ? Mais la curiosité l’emportait, et ainsi la Harpie observa la Sorcière lui faire son petit numéro. Par la suite, Zohra attrapa sa tasse, en renifla le contenu, puis reposa l’objet sur la table avec un air un peu déçu. Mouais… elle avait vu Khalan faire des choses bien plus impressionnante. Bien que le tour d’Avalon devait être un grand classique des Sorciers alcoolo qui voulaient remplir leur godet à l’infini. Mais désintéressée, Zohra se contenta de hocher la tête pour faire plaisir à la Sorcière, avant de prendre son enveloppe et de se relever pour le donner à son majordome qui avait reçu un texto de sa part pour venir compter.

En effet… que je n’imagine pas. Tu sais aussi faire sortir un lapin de ton soutien-gorge ? J’ai toujours rêvé d’avoir un qui ressemble à une boule de poils et avec les oreilles qui tombent…

Son sourire était redevenu moqueur, et elle se mordait même la lèvre inférieure pour ne pas rire, attendant patiemment que son domestique compte la somme donnée par Avalon.

 

Avalon avait toujours du liquide sur elle. Étant une femme qui possédait beaucoup - mais vraiment beaucoup - d'argent, elle n'aimait pas se sentir démunie. Surtout pendant une transaction aussi importante. En plus elle avait du mal à faire confiance au banque et à leur fichue cartes, la monnaie sonnante et trébuchante était plus fiable. Et plus classe quand même. Une belle enveloppe bien garnie en jetait beaucoup plus qu'un chèque ou alors qu'un très mal venu " Tu prends la carte bleue?". Son mari avait mis beaucoup de côté et placé une petite partie de sa fortune dans des actions qui rapportaient beaucoup. Et quel plaisir de voir Zohra surprise en la voyant faire glisser l'enveloppe vers elle. L'indienne eut les yeux brillants, eh oui Avalon pouvait se montrer plus que généreuse avec ses partenaires, cependant elle ne tolérait aucun écarts ni aucune désillusions, tout devait être fait selon ses désirs.

Je te ferais parvenir le reste de l'argent par coursier, j'ai un réseau très discret.

Apparemment le petit tour de magie d'Avalon ne surpris par la Harpie et Avalon se promis de faire des recherches sur elle, si elle n'était pas surprise c'est qu'elle avait déja été en contact avec des sorciers. Mais certainement moins doué qu'elle. Un jour peut être Avalon convierait Zohra à l'une de ses transes et là elle comprendrais la toute puissance des sorciers et du clan Blackfield, mais pour l'instant ce n'était pas à l'ordre du jour. La majordome sembla se matérialiser près d'elle mais Avalon n'y prêta pas attention, ce n'était que le petit personnel.

La blague de Zohra aurait du l'outrée mais la sorcière commençait à comprendre comment fonctionnait l'indienne. Ça ne servait à rien d'aller contre elle, si elle montait au créneau ça ne ferait qu'augmenter l'hilarité de Zohra, et puis la sorcière ne lui avait montrer qu'un petit tour de passe passe, rien d'impressionnant pour une harpie habituée au monde surnaturel, ce genre de tour ne marchait que sur les humains ignorants en général.

Je pourrais peut être réussir à te faire ce genre de soutien gorge, mais ce serait tout sauf confortable, pas pratique et ce serait de la magie gâchée pour rien.

Avalon se pencha sur la table et goba un nouveau gâteau puis craqua ses doigts un par un en attendant que le majordome - calculatrice slash boulier - fasse son compte.  

   

Il n’y avait rien de mieux pour une gosse affamée que de tenir dans ses mains un butin aussi important. Zohra avait tendance, encore aujourd’hui, à considérer l’argent de la même manière qu’autrefois. Même maintenant que sa fortune était faite, et en vivant dans un véritable palace, ses yeux brillaient toujours autant, ses veines palpitaient et c’était comme retrouver le souffle après une apnée. La peur de manquer était toujours aussi intense et présente. Le manque, la famine et la pauvreté avaient sans doute ensemble marqués ses chairs autant que la terreur des humains et de de ce démembrement qu’avait vécu son frère. La persécution… cela ne la quittait pas, ce sentiment persistait à la poursuivre lui aussi. Même du haut de son piédestal, Zohra n’oubliait pas. Ce qui serait une erreur d’ailleurs… Alors elle attendait en croisant les bras, l’air impatient, que son majordome finisse de compter. Pieds-nus à côté de lui, elle semblait bien loin de l’imposante image que beaucoup se faisait de cette chef de réseau de contrebande. De la Harpie dirigeait fermement ses affaires… capable d’éventrer un vivant pour en vendre les organes palpitants. Mais sont images, elle ne la travaillait pas. Les hommes forgeaient eux même sa réputation devant ses actes. Et il valait généralement mieux se méfier de ceux qui paraissaient être de petits adversaires…

La réflexion de la Sorcière lui arracha un rire clair alors qu’elle se mettait les mains sur les seins. Avalon n’avait pas un humour à tomber par terre, mais elle semblait faire un effort et se détendre un peu depuis le début de la conversation. Signe qu’elle était satisfaite de la transaction … et que le comportement de Zohra, aussi insolent parfois soit-il, passait bien. Tant mieux, sous son propre toit elle avait encore moins envie de faire d’effort.

Un soutif en peau de lapin ? Cela ne serait en rien de la magie gâchée. Tu ferais concurrence à Victoria Secret ou à Chantal Thomass … Moi j’achèterais.

Puis elle se tourna vers son majordome, les sourires aux lèvres comme pour avoir son approbation, mais le type sous hypnose n’eut de geste vers elle que pour lui murmurer la somme de l’enveloppe à l’oreille, et la Harpie revint alors vers Avalon. L’homme s’éclipsa avec l’enveloppe, et elle s’approcha de Morticia Addams pour lui tendre la main et sceller leur accord par une poignée de main à l’Indienne (plutôt un serrage d’avant-bras… le truc viril XD).

C’est une affaire qui roule… Un plaisir de traiter avec toi. Tu reviens dilapider ta fortune chez moi quand le cœur t’en dis, il y aura toujours du thé et des biscuits.

Elle lui adressa un clin d’œil, puis retourna rapidement à son téléphone pour y pianoter encore et accélérer les faits et gestes de ses subordonnés. Puis elle reposa l’appareil avant de se rassoir sur son pouf, fixant alors la femme avec le regard carnassier qui la caractérisait souvent.

Et en ce qui concerne les grimoires… Serais-tu preneuse ?

Elle avait le regard vif de ceux qui ne laissent pas une occasion se perdre… et Zohra imaginait déjà la fortune qu’une sorcière pourrait dépenser à son profit.

Avalon n'avait pas un sens de l'humour hors du commun, elle était plutôt cynique et aimait se moquer des gens et les rabaisser, l'humour c'était Gowan, pas elle. Mais Gowan n'était plus là pour rattraper ses bourdes ou prendre la parole pour détendre l’atmosphère. Mais apparemment Zohra était bon public - ou assez bien élevée - et elle rit à sa presque blague. Avalon avait une réputation à maintenir, elle était insensible, inhumaine et dure elle ne pouvait donc pas se permettre de plaisanter en permanence. Déjà parce qu'elle ne savait pas le faire et aussi parce qu'elle devait préserver cette réputation et que les gens continuent de la craindre afin de garder sa place et son emprise.

C'est vrai que je pourrais me lancer là dedans, ça me ferait un passe temps satisfaisant. Mais j'ai d'autres préoccupations actuellement. Mais si je m'y met je te ferais parvenir mes premières créations.

Après avoir reçu l'assentiment du majordome slash boulier slash calculette Zohra se leva et lui tendit le bras comme pour signer leur accord. Avalon resta assise mais serra fermement le bras de la femme. Zohra fit une blague elle semblait avoir remarquer son amour pour les biscuits indiens qu'elle lui avait servit. Avalon eut un rire malin, elle n'allait pas se priver pour utiliser sa fortune pour le bien de sa magie

Si l'un de tes petits lutins veux bien m'en faire livrer régulièrement sache que je deviendrais ta plus fidèle cliente.

Et elle se pencha pour en piquer un nouveau, l'avant dernier, elle en avait bouloter les trois quart à elle seule. Mais son corps avait besoin de sucre pour supporter la quantité de magie qu'elle utilisait pour se défendre. La magie lui bouffait tellement d'énergie qu'elle était sure de ne jamais grossir. Zohra lui parla soudain de grimoires et Avalon se pencha en avant, elle était redevenue l'acheteuse à l'affut, l'oeil brillant.

J'ai déjà une grande collection de ce genre d'ouvrages mais si tu en à en vente je veux bien y jeter un œil et voir si l'un d'eux serait heureux de rejoindre ses amis chez moi.

   

L’humour de la sorcière lui passait un peu au-dessus de la tronche. A vrai dire, le boulot de Zohra c’était aussi celui d’un commercial. Il y avait toujours ce petit jeu de séduction qu’il s’instaurait… c’était là aussi, la clé du succès. Il fallait savoir onduler suffisamment pour coller aux formes du clients, à ce qu’il était, pour parfaitement répondre ce qu’il voulait entendre. Ce n’était pas de l’hypocrisie, seulement du business. Alors, Avalon n’avait rien de véritablement rafraichissant, mais c’était amusant de traiter avec elle ? Déjà parce qu’elle se radinait avec une envelopper de billets épaisse comme un tronc d’arbre, mais aussi parce qu’elle était moins compliqué que ce à quoi l’on pouvait s’attendre. Voilà, l’affaire était conclue et Zohra avait déjà eu à faire à des gens beaucoup plus casse bonbons. Une très bonne chose, parce que cela ne lui avait coûté que très peu d’énergie. Quant aux grimoires, c’était encore le meilleur moyen de la tenir par les couilles. Elle eut un sourire presque féroce à la réponse de la Sorcière, tâchant de ne pas se laisser emporter par sa cupidité qui parfois pouvait devenir maladive. Mais la Harpie avait aussi très envie d’offrir la possibilité à la Sorcière de parfaire sa collection et ses connaissances. D’autant plus qu’elle pouvait payer. Et puisque Khalan avait déjà jeté un œil au grimoire pour prendre les notes dont il avait besoin, Zohra n’avait aucune raison de ne pas se séparer de l’objet à prix d’or. Une fois certaine d’avoir l’attention de Morticia, l’Indienne reprit la parole.

Il s’agit là d’un objet très convoité, d’une importance rare à ce que mes experts m’ont confié. J’ai eu de la chance de tomber en sa possession.

Puis elle tripota son portable avant de venir s’installer à côté de la Sorcière pour lui montrer quelques photos du livre ancien, à la couverture magnifique malgré qu’il soit infiniment vieux. Lentement, elle fit défiler les clichés sous les yeux clairs de la femme avant de reprendre comme l’on raconte une histoire.

Il s’agit d’un grimoire Skalvien, une langue occidentale éteinte au XVIe siècle. Je te laisse deviner l’âge de ce trésor. Et surtout les secrets anciens qu’il recèle. L’un des experts que j’ai consulté à ce sujet est carrément tombé dans les pommes… Il manque seulement une page, j’ignore ce qu’elle est devenue. Un vrai mystère s’il en est ! Il appartenait à un certain Vitaly Ðarûnas qui me semble-t-il, avait quelques faits d’armes derrière lui.

Tout était vrai, et Zohra trouvait que cela apportait une histoire, un charme fou au livre à qui l’on pouvait inventer une importance, un destin… tout un chemin de la Lituanie à l’Angleterre. Ce genre d’objet n’avait pas de prix… sauf peut être pour cette Sorcière qui semblait avoir suffisamment de fortune pour lui donner un prix !