Khalan est un gosse simple. Du moins il pourrait l'être. C'est peut-être un gamin de son âge, qui aime courir sur la route, passer les barrières et braver les interdits. C'est un enfant comme les autres dans l'ensemble. Il sourit, est content, tombe, pleure, demande de l'amour. On lui offre de l'amour. Il est un enfant normal. Avec cette enfance normale que peut-être espère dans un coin de son esprit. Il y a sa soeur. Il y a son frère. Il y a sa mère et il y avait son père. La place est laissée vacante pendant quelques instants. Non pas que l'absence d'un père soit dure pour lui, Marly fait son rôle de grand frère à une certaine once de la perfection. Il sourit et fait comme si tout allait bien. C'est Marly qui lui montre un jour pourquoi lui peut faire des tourbillons dans la baignoire tandis que Khalan en est incapable. C'est Marly qui apprend au garçon ce genre de choses. Parce que Khalan aime se rouler dans les herbes mais qu'il aime autant les mettre dans un pot pour les mélanger après. Lui ne trouve pas ça étrange, Marly beaucoup plus. Parce que Marly n'est pas stupide. Parce qu'être Cahill c'est aussi avec le sang de son père qui coule dans les veines...
La place est occupée maintenant. Depuis quelques temps déjà. La chaise à table n'est plus vide. Mais les longues conversations qui avaient lieu à cette même table ce sont tues. Et lorsque Khalan va pour lancer une conversation Marly le frappe sous la table. Alors le silence reste de bonne mesure au repas comme la plupart du temps. Mais il y a cet événement qui va "faire bousculer leurs vies", va plonger sa soeur dans son propre conflit, détruire leur famille déjà assez bancale. Il suffit d'un après-midi où le ton est haut dans la famille, que tout le monde se critique, le ton monte et rapidement les gestes aussi. Après quelques moments Kha se tient devant son beau père, trempé de la tête au pied par une eau sortie de nul part (certainement l'évier), le regard incrédule, la mine énervée. Marly attrape Khalan et ses affaires avant de prendre quitter la maison. Définitivement. Kha ne sait même pas pourquoi Marly l'a emmené. Mais du haut de ses 12 ans il n'aurait pour rien au monde préférer rester à l'intérieur de la bâtisse. Dans sa famille tout le monde parle espagnol. Quelques heures après il sera confronté a la langue qu'il parlera le reste de ses jours.
Ils arrivent à Londres, ses yeux sont éblouis par la ville qui est si grande, pleine de vie et si active. Les gens ne le regardent pas, personne ne pose des regards accusateurs sur lui. C'est ici, dans cette ville qu'il comprendra réellement ce que c'est que d'être vivant. C'est chez leur tante de Marly et Khalan trouvent refuge, elle est la soeur de leur père. Par conséquent elle a les mêmes "problèmes" qu'eux. Marly considère ça comme un problème tandis que Khalan préfère voir ça comme un amusement. Mais tante Feliz est très à cheval sur toute cette histoire, toute ces idées. C'est elle qui apprendra à Khalan tout ce qu'il sait, ou du moins une bonne partie. Bizarrement il a l'impression parfois de vivre chez les soeurs Halliwell. Marly est heureux pour lui, lorsqu'il le voit pencher au dessus d'un bol, d'une préparation, l'air passionné. Il semble presque autant passionné à ce moment là que lorsqu'il écoute sa tante parler de l'histoire commune.
C'est peut-être toute cette histoire qui l'emmène vers un métier simple. Au début il se veut historien, étudie les grands événements mais est intéressé surtout dans l'histoire dite "surnaturelle". Ce qu'avant n'était pas reconnu comme un métier se révèle devenir sa profession. Khalan passe ensuite professeur des écoles (si ce n'est pas adorable), s'occupe d'une classe d'enfants qui ont 10 ans. Disons qu'il a toujours eu cette adoration pour la naïveté des enfants, leur façon de voir leur monde. Lorsque l'on est enfant on ne sait pas ce qui arrive... Ce qui va arriver d'ailleurs. Enfin, il avait surtout cette amour pour l'enfance lorsque ce n'était pas sa môme. L'idée semble plus compliquée maintenant. Il s'est passé un quelque chose... d'assez polémique dans son école. Un quelque chose dont il était très fier mais qui a fait tâche dans son dossier.
Cet amour pour la culture sorcière, surnaturelle, elle n'est pas partagée par tous. Même lorsque les enfants ont des étoiles dans les yeux il est clair que les parents derrière n'apprécient pas la démarche.
« Monsieur Cahill... Ce n'est pas vous le problème. Mais vos cours... Enfin vous devez bien vous rendre compte que vous ne pouvez pas parler aux enfants de... tout ces êtres surnaturels qui parcourent nos rues enfin. Qu'allez-vous leur mettre dans la tête?! » Ce qu'ils devraient savoir? Est-ce qu'il y a un mot pour tant de conneries? Ce n'est pas de la xénophobie mais ça y ressemble amèrement. Khalan se contente de sourire et d'affirmer qu'il a compris. Le jour suivant il explique aux enfants l'intérêt qu'il y a d'accepter les êtres différents comme tous. Que ce soit les noirs, les juifs, les chimères ou les homosexuels. Le jour d'après une lettre de renvoie l'attend sur son bureau.
« Kha... C'est vrai ce que tu dis sur le fait d'accepter les autres? » Léa a dix ans, elle est élève de sa troisième classe à l'école, il semble plus simple de parler du monde surnaturel dans cette dernière d'ailleurs. Il sourit doucement. Elle se tient les jambes croisées, ses yeux ne semblent pas capables de croiser ceux de l'homme.
« C'est vrai Léa. Tu as quelque chose dont tu veux parler? » Elle regarde les autres. Mais personne ne porte réellement attention à eux. C'est le temps libre, chacun s'amuse avec son voisin. La jeune fille hoche doucement la tête et lui tire sur la manche pour l'obliger à descendre. Il s'accroupit à ses côtés et la regarde dans les yeux.
« Est-ce que ça vaux aussi pour... Tout les trucs dont tu parles pendant l'histoire? » Il comprend l'idée mais fronce les sourcils tout de même. Elle baisse la tête, Khalan repousse les cheveux de Léa pour qu'elle le regarde.
« Tu connais quelqu'un de spécial Léa? » La voilà qui hoche timidement la tête.
« Tu veux me dire qui s'est? » Elle hoche encore la tête.
« Moi » Sa voix n'est qu'un murmure, il semble, d'elle qu'elle offre la pire des confessions. D'habitude il ne porte pas trop d'intérêt à ce genre de choses, chaque enfant pense avoir des "superpouvoirs" mais ils sont censés crâner. Elle, elle semble si... peu sûre d'elle.
« Tu veux me dire ce que tu sais faire Léa? » Elle s'approche de son oreille pour lui murmurer les quelques moments.
« Je peux faire du feu avec mes mains » Elle rigole nerveusement avant de le regarder et son premier réflexe est de la serrer entre ses bras.
« Si on va un peu plus loin tu veux bien me montrer dis? »La semaine suivante la gamine ne vient pas à l'école. Il passe. En parle un peu à Marly mais laisse passer. La semaine d'après elle boîte. La semaine suivante elle n'ose plus croiser le regard de Khalan, il y a des larmes dans ses yeux, de la frayeur quand quelqu'un fait un mouvement trop brusque et n'accepte plus la proximité. Lorsqu'il demande ce qui se passe, elle préfère prendre la fuite. Le lundi soir il trouve un mot sur son bureau.
"papa n'ai pas prêt à accepter mon feu" Elle signe d'un désolé qu'il ne comprend pas. La rage bout dans son sang. Il en parle avec l'assistance sociale de l'école qui dit que ce n'est peut-être rien. Très bien sale conne mais c'est peut-être quelque chose. Alors il prend rendez-vous avec le père. Celui-là se laisse embobiner sans problèmes, apparemment elle ne parle pas d'histoire a la maison, les instincts de survie de Léa sont plus développés que l'intégralité des mômes de son âge. Khalan en parle avec une autre femme, autre assistance sociale qu'il n'a aucun mal à croire, elle aussi est comme lui. Elle comprend ce qu'il dit. Et l'encourage à faire ce qu'il pense être bien. Le mois suivant le père de Léa est retrouvé mort empoisonné, le poison reste inconnu. Le lendemain il y a un simple mot sur sa table "merci". Léa ne vient plus en court. Dans le courant du mois Khalan pose sa démission. Marly lui passe un savon tandis que Zora, l'assistante sociale, papillonne à ses côtés.
Zora et lui emménagent ensemble. Ça sonne un peu comme une belle vie pendant un certain temps. C'est l'amour fou, celui des premières fois où tout sonne parfaitement. Marly ne l'aime pas mais ça ne dérange même pas Khalan, il se dit qu'avec le temps ça va lui passer. Zora elle est... adorable. Ou pas. Elle possède toutes les qualités d'une manipulatrice et lui possède la place du manipulé. Place qu'il possède apparemment à la perfection durant plusieurs années. Leur vie commune devient cette de la route et cette dernière qui s'est installée confortablement frappe l'homme en plein ventre. Au même point que la valise posée dans le salon. Au même point que ce sourire d'adieux marqué sur son visage. La raison?
« Je suis enceinte » dit-elle tandis qu'elle claque la porte. Marly ne dit rien lui. Se contente de tenir le sceau lorsqu'il vomit ses tripes. Marly ne dit rien lorsqu'il ressert un verre. Et Marly ne dit rien lorsqu'il pleure la vie d'un enfant qu'il ne connaitra jamais.
Oh mais elle est revenue enfin. Sinon l'histoire aurait été trop simple. Elle est revenue dans le but (peut-être de finir ce qu'elle avait commencé) de, d'après ses dires
"reconstruire leur famille maintenant que je me rends compte qu'elle ne peut pas grandir sans son père." Ferme là Zora. La raison pour laquelle tu es revenue c'est parce que tu n'étais pas capable d'assumer financièrement la gamine et que, apparemment, question d'honneur, tu ne pouvais l'abandonner. Khalan il n'a rien dit, s'est contenté de les accueillir avec ce petit sourire sur le visage, dans son coeur tout prenait un certain sens. Il avait cette chance que beaucoup n'ont jamais, sa fille lui était rendue. Les deux ont essayés, comme ils pouvaient, de faire marcher un couple qui, clairement ne fonctionnait plus. Il l'a trouvé avec quelqu'un, elle l'a surpris en train de chauffer quelqu'un. Bon. Soit. Le couple ne marchait plus mais la môme était encore au milieu des deux. Alors il tenait bon. Capitaine Cahill était perdu dans un océan de bordel et d'embrouilles. Elle en fut la première cause de ses embrouilles. Faut dire lorsque l'on connait la femme, les raisons semblent même évidentes.
Qu'est-ce qui a fait réagir Khalan? Qu'est-ce qui l'a poussé à agir? Le comportement, légèrement meurtrier qu'elle avait envers la gosse. C'est ironique lorsque l'on sait qu'elle fut assistante sociale. Parfois il se demande ce qui a pu arriver à ces pauvres gosses. Certains ont du mourir, certainement. Ils n'ont pas fait long feu. Sans transition on peut passer aux agissements qu'elle a eu envers sa gamine. Peut-être qu'elle a pensé que c'était une bonne idée. (quelqu'un aurait certainement lui souffler que non mais bien évidemment c'était à elle de s'occuper de l'enfant il était au travail) Elle a pensé que faire un feu avec des livres à côté d'une enfant était vraiment le meilleur plan de toute une vie. Deux jours après Zora était retrouvée immolée. Elle se serait donner la mort parait-il. Oh. Quelle tristesse... Elle ne manqua a personne. Même si pendant quelques mois il porta un faux deuil sur son visage. Marly a simplement sourit, encouragé l'acte.
Après il est clair que sa vie n'a cessé de s'améliorer, son jardin lui permet un apport constant de ce dont il a besoin, lorsque sa môme se penche pour regarder ce qu'il fait, un simple sourire se pose sur son visage, il lui ébouriffe les cheveux en lui expliquant qu'il lui expliquera très rapidement. Que de toute façon elle est comme lui. Il a lâché son école après avoir fait disparaître une dernière personne. Aucune culpabilité de son être, aucune, chaque personne qui meurt le mérite. Marly vient souvent le voir pour lui demander un charme, un artéfact, il n'a plus besoin de bosser, du moins pas dans l'école. Maintenant il y a
Zohra. Non pas que le nom fut agréable à entendre la première fois... Au final, lorsqu'il y pense, elle est arrivé comme un cheveux sur la soupe, sauvant peut-être la suite de l'histoire, illuminant la curiosité de sa gamine. La fin de l'histoire n'est pas triste parce que le livre n'est pas assez jauni.