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C’était dans ces moments-là que Cadi regrettait d’être aussi petite. Sam courrait bien plus vite qu’elle, et elle allait avoir du mal à la rattraper. Si jamais il lui arrivait quelque chose… Elle ne savait pas ce qu’elle ferait. Et une espèce d’humaine – ou presque humaine – courrait au milieu de créatures dangereuses et effrayées… et courrait après l’une d’elles. Même si la Galloise n’était pas sûre que la harpie soit vraiment effrayée.
Finalement, Cadi avisa une chevelure bleue au détour d’un tunnel. Heureusement que sa coloc avait les cheveux flashy, sinon elle serait passé devant le boyau sans la voir.

La sorcière s’engouffra dans le passage et s’arrêta à quelques pas de son amie.
Il y avait du sang partout.
Elle avait rattrapé la harpie.
Et ça s’était mal passé.
Evidemment.
Cadi se mit à trembler sans pouvoir s’en empêcher. Elle avança maladroitement pour voir la grande licorne, la gorge à l’air et…
Non. Non. Non. Non.

« Non ! Sam ! »

La brunette se laissa tomber à côté de sa coloc, complètement paniquée. Le souvenir de Lysandre appelant Sam une phénix essayait de se frayer un chemin dans sa tête, mais sa peur terrible de perdre son amie le bloquait complètement.
Ce n’était plus que son corps qui tremblait maintenant, mais tout ce qui était autour d’elles. Cadi ne savait pas trop si la harpie était encore là pour admirer son œuvre, mais de penser à elle additionna la colère, la haine à la panique.
Il ne manque plus que la terre tremble… Mais la pensée n’était pas finie qu’elle se rendait compte qu’elle en était l’épicentre.

Enterrer la connasse qui avait fait ça... !! Jamais dans sa vie, elle n'avait imaginé avoir ce genre de pensées. Elle était pacifiste, non d'un chien. Mais on s'était attaqué... à Sam. Sam...
La terre trembla davantage encore, et même si elle avait pu, Cadi n'aurait pas voulu la contrôler.

 

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Tout tremblait toujours. Elle tremblait toujours. Elle ne pouvait pas s'en empêcher.
Comment avait-elle pu s'attacher à cette licorne en si peu de temps ? Est-ce que ça faisait si peu longtemps ? Peut-être pas. Le temps passait vite.
Mais pas maintenant. Tout semblait ralentit. Du sol et des parois qui tremblaient. Des morceaux de cailloux qui se détachaient du plafond pour tomber avec une lenteur démesurée sur le sol. Parfois tout près d'elle.
Et son cœur battait la chamade.
Elle ne s'était jamais sentie aussi en colère. Que faire ? Comprenait-elle finalement ce que cela voulait dire que de prendre parti pour cette guerre ? Mais c'était une harpie qui avait attaqué son amie.
Seulement une amie ?
Peut-être pas. Quoique l'amitié pouvait tout aussi bien déplacer des montagnes. Et semblait moins éphémère que… uhm.
Si ça n'avait pas déjà été le cas, ses parents l'auraient reniée pour avoir défendu une humaine à l'encontre d'une créature. La Galloise n'en avait strictement rien à foutre.
Tout le décor continue de s'affaisser devant le regard flamboyant mais pas vraiment là de la sorcière.
La guerre n'avait plus l'air si absurde, quand elle pensait qu'on pouvait lui prendre sa Sam.

Une voix vint de derrière elle. Faible d'abord, comme si ce n'était que dans sa tête. C'était de toute façon dans sa tête.
Elle reste debout au milieu du tumulte. À vrai dire, à quoi bon bouger ? Il faut s'assurer que l'autre ne pourra plus jamais ressortir.
Mais une main chaude se posa sur son épaule. Une main qui lui disait quelque chose, pour qu'elle en ait souvent observé les doigts jouant dans des mèches de cheveux multicolores ou en train d'enfourner une part de pizza dans une bouche grande ouverte.
Des larmes coulaient sur ses joues. S'il fallait en venir aux hallucinations, qu'il en soit ainsi.

Ses yeux s'écarquillèrent cependant quand elle sentit des bras se refermer autour d'elle et qu'elle se retrouva coincée contre un corps qui devait bien être là.
Les pierres tombaient.
Cadi tremblait.
Les flammes montaient.
La sorcière se retourna finalement, le feu séchant ses larmes sans pour autant qu'elle ressente la moindre brûlure.
C'était Sam. En feu. Littéralement en feu. Blonde. Nue.
Cadi ne savait toujours pas quoi faire. Son cerveau ne fonctionnait pas vraiment. Puis ses mains se levèrent finalement pour attraper le visage de sa colocataire. Elle était bien solide sous ses paumes. En vie. La Galloise se mit alors sur la pointe des pieds et vint poser ses lèvres sur les siennes.
Elle aurait dû faire ça depuis longtemps.
Ses bras entourèrent finalement sa nuque pour lui rendre son étreinte.
Ne plus la lâcher. Jamais

 

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Cadi ne veut plus la lâcher. Plus jamais. Jamais.
Mais au moins la terre semble se calmer un peu.
Rien qu’un peu.
Cadi voulait se perdre contre elle. Ce grand corps contre le sien. Chaud. Rassurant. En vie.
Les cris des gens, les explosions, le bruit des roches qui s’écroulent, tout ça semble venir de loin. De si loin.
Puis les bras de Sam s’enroulèrent autour d’elle et si le moment n’avait pas été aussi impitoyable, elle aurait voulu qu’il dure à jamais. Puis elle sentit son front contre son épaule. Comment avaient-elles fait pour en arriver là en si peu de temps passé ensemble ? Comment arrivait-elle toujours à se mettre dans une telle merde. Elle avait encore failli perdre sa coloc. Mais c’était pire que ça, cette fois. Bien pire. Elle aurait préféré se retrouver à la rue cent fois plutôt que de perdre Sam.
La Galloise la serra un peu plus fort en entendant son murmure. La maison… C’était… La brune avait bien l’impression qu’elle le disait comme « home » et pas juste « house ». Ce n’était pas n’importe quelle maison. La leur. Celle où elles vivaient ensemble, où elles se faisaient des souvenirs. Plus que des murs.

« …Jamais… » répondit faiblement Cadi à sa demande.
Quant au reste, elle espérait bien ne pas mourir avant des siècles. Enfin, au moins soixante ans.
« … Toi non plus… ne me refais jamais ça… »

Après un moment, Cadi se décolla finalement de sa licorne…qui n’en était plus une, et retira sa veste pour la lui donner. Ce n’était pas grand-chose, et elle était trop courte de toute façon, mais elle ne pouvait pas la laisser dans cet état. Elle déboutonna aussi sa chemise à carreaux et l’attacha autour de sa taille tant bien que mal. Ça devrait faire l’affaire.
Maintenant en t-shirt, elle prit la main chaude de la blonde et l’entraina dans les boyaux de terre, vers une autre sortie. Elle n’avait même pas besoin de se demander par où étaient partis tous les gens affolés. La tête encore en vrac, son instinct et son élément la guidaient sans qu’elle n’ait besoin de se poser la moindre question.
Tout ce qui comptait, c’était de sortir Sam de là.

 

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Valerian s’était changé en puma en cours de route. C’était presque plus amusant, et l’animal en avait l’eau à bouche, de toute cette peur qui flottait dans l’air. On disait qu’il ne fallait jamais laisser l’occasion à un animal sauvage de goûter le sang humain, sinon il y prenait goût. C’était peut-être aussi le cas pour les chimères prédatrices. Le souvenir de l’hémoglobine soudanaise sur sa langue ne l’avait jamais vraiment quitté. Et ça avait rendu ses six années en prison encore plus dures.
Alors quand ses mâchoires puissantes s’étaient refermées sur la jambe d’un Sioniste, et que ses crocs avaient percé la chair tendre et que le sang avait jailli contre son palais, ses pupilles s’étaient dilatées à l’extrême.
Il avait ensuite laissé la salle principale des catacombes pour chercher d’autres humains à croquer. Mais c’était sur l’odeur poussiéreuse de Zohra qu’il tomba. Mêlée à celle du sang aussi.

Avec précaution, le félin s’était déplacé entre les pierres qui s’étaient décroché du plafond du tunnel. Il ne se demandait pas qui avait fait ça, mais reniflait avec attention. Et il trouva finalement ce qu’il cherchait.
Une main. Du sang en maculait les ongles et les doigts (celui des boyaux de Sam (a) ) et il en profita pour y passer sa langue chaude. Le goût était sensiblement différent de celui des Sionistes et des autres humains qu’il avait déjà pu goûter. Pas mauvais.
Mais la main s’anima et lui griffa le museau avant de lui tendre un magnifique doigt d’honneur.
Pas de doute, c’était bien sa boss qui se faisait écrabouiller par les rochers.

Avant même de commencer à l’entendre râler, grommeler et l’injurier, il avait déjà commencé à reprendre sa forme humaine. En tant que Puma, il n’aurait pas été d’une très grande aide.
C’est donc nu comme un nouveau-né (de 2m) qu’il commença à déblayer l’éboulis.