You've got no place to hide

And I'm feeling like a villain, got a hunger inside. One look in my eyes. And you're running cause I'm coming going to eat you alive.Your heart hits like a drum. The chase has just begun.Monsters stuck in your head. We are, we are, we are. Monsters under your bed. We are, we are. We are monsters.We are, we are, we are monsters.

       

Tes prunelles fixent le ciel plein d'étoiles. L'émerveillement du moment te cloue sur place. Deux étoiles filantes viennent de percer le ciel. Un sourire étire tes babines roses et tes dextres accrochent un peu plus le bonnet qui menace de quitter ta tête colorée. Aujourd'hui, t'as un arc-en-ciel de bleus variés qui dévalent tes longues mèches ondulées. Tu renifles un peu, groggy par le froid hivernale. Tes bottes foulent l'asphalte et tes longues guibolles s'agitent nerveusement. La journée a été assez dingue pour toi chez le disquaire, tu ne rêves que d'un bon bain de chaud, de bougies parfumées avec un vieux vinyle de The door en trame de fond. Une buée s'évapore de tes lippes et tes opales surveillent les alentours. Les voitures défilent toujours à une vitesse qui dépasse l'entendement dans ce fichu quartier. Tes bottes couinent contre l'asphalte humide. Tes iris s'élargissent et le voile de l'obscurité s'évapore petit à petit, aidé par la lumière des lampadaires qui tapissent la rue large. T'as le ventre qui gronde et la cervelle embuée. Un soupire et tu te démènes pour fourrer tes mains dans les poches de ton gros gilet sous ton perfecto. Quelques passants ivres te dépassent parfois. Des couples entrelacés, une prostituée qui te fait du charme pour récupérer quelques billets, un sans-abri à qui tu files quelques livres ...

Mais malgré la vie et l'animation des ruelles, la solitude t'empoigne aux tripes. Loin de ton pays, loin de ta famille d'imbéciles ou de tout ce que t'as connu. Deux mois ne suffisent pas encore à t'habituer à ce dépaysement volontaire. Tu l'as voulu, tu l'as eu. Tes longs doigts s'agitent dans ta poche droite, rien. Tu cherches dans l'autre, toujours rien. Tu te dépatouilles tant bien que mal avant de choper enfin le paquet de clopes dans la poche gauche de ton perfecto et le briquet dans la droite. La nuit est de plus en plus glaciale à mesure que tu progresses. A moins que ça soit le fait d'avoir à nouveau les mains libérée d'un bon cocon de laine synthétique. Le nombre de passant diminue à mesure que ton appartement se rapproche. Ce qui n'est, en général, pas inhabituel du tout au vu des quartiers plus privés et plus huppés dans lesquels t'as élu domicile. Pour un temps seulement. La rente insolente que tu touchais en France n'existe plus et les 5 zéro sur ton compte ne tiendront pas éternellement, même avec des dépenses aussi mineures que possible. La paie au disquaire n'a rien de bien extraordinaire. Presque aussi élevée que le prix de ton loyer.

Quant à l'idée d'user de tes diplômes, tu préfères même pas y penser.

Tes lèvres se referment sur le bâton de nicotine et ta langue effleure le filtre. Le poison engouffre tes papilles et tes poumons. Un chat hurle dans la nuit et une poubelle tinte. Tu te figes, la clope tendue en l'air.

« - Y a quelqu'un ?  … que tu baragouines entre tes lèvres gelées.

Pas de réponses. Tes épaules tressautent et tes talons font volte-face. Prête à continuer ta route, jusqu'à ce que le gémissement de bête crevée te fige à nouveau.

- Eh oh ? Tu marmonnes d'une voix tremblante.

T'as déjà la trouille. Tu détestes ce genre de foutu imprévu. L'air rance perfore tes poumons et tu tremblottes de froid en te dirigeant vers la source du bruit. Une, deux … Trois. Tes prunelles s'écarquillent alors que t'avise le corps sanguinolent derrière les ordures. Tes lippes s'ouvrent comme un gouffre alors que tu te précipites vers le type étalé à terre, cognant tout sur ton passage sans t'attarder. Tu vérifies tout de même aux alentours, prête à hurler à l'aide. Personne.

- Oh merde …, tu couines avec supplication, fixant à nouveau l'homme. C'est un véritable massacre.

Un haut le cœur secoue ta poitrine et tu retiens la bile coincée dans ta gorge.

- M-Monsieur ? … Eh, vous m'entendez ? S'il-vous-plaît, crevez pas …

Tes mains tremblantes s'attardent au-dessus d'une plaie béante. Tu ne sais pas où regarder. Il geint, hoquette et écarquille les yeux. Ses doigts cherchant dans le vide, index pointé dans une direction invisible. Les boyaux de ton estomac se tordent.

- Ok … attendez, ne parlez pas et mettez ça sur votre plaie !

Tu t'agites, arrache un bout de t-shirt et le plaque contre la plaie béante. L'hémoglobine s'éparpille sur le derme de ta peau et tu lâches un couinement de terreur. C'est atrocement chaud et collant. Vraiment rien à voir avec les gros fluides de menstruation. Tes doigts tremblants cherchent le téléphone dans ta poche. L'écran glisse sous tes doigts, ou l'inverse, t'en sais rien. Ton pouce martèle l'écran et ton ongle claque contre le téléphone.

- Putain putain putain putain putain, FAIT CHIER ! Nan, pas vous, désolée, faites pas attention, tenez ça ! » que tu gueules d'une voix trop aiguë en grimaçant.

Il faut que tu t'essuies les mains rapidement pour passer ce satané de coup de fil.

You've got no place to hide

And I'm feeling like a villain, got a hunger inside. One look in my eyes. And you're running cause I'm coming going to eat you alive.Your heart hits like a drum. The chase has just begun.Monsters stuck in your head. We are, we are, we are. Monsters under your bed. We are, we are. We are monsters.We are, we are, we are monsters.

       

Paragraphe qui sert à rien:

Le goût de cette chair contre son palais avait tout de délectable. L'oiseau y fit plusieurs fois claqué sa langue, alors que l'homme hoquetait sur le sol sans un mot. La douleur souvent, plus que la stupéfaction, faisait taire les plus éloquents. Zohra tremblait presque de nourrir enfin son corps. C'était cette sensation, la plus merveilleuse. Plus que la chaleur onctueuse du sang dans sa gorge, plus que la saveur de cette offrande fumante dans le froid nocturne. L'émotion d'avoir assouvit ses instincts, et de sentir enfin son estomac lourd d'une substance qui l’apaiserait enfin. Bien que très vite la culpabilité d'avoir craqué en public la rattraperait. Mais avant, il y aurait la peur... Zohra la sentit monter en elle au moment même où une voix s’élevait dans le silence brisé qui s'étendait autour d'elle. Une voix de jeune femme un peu trop aigus, qui a elle seule possédait le don de détruire ce bien-être de Harpie rassasiée. Si Zohra n'avait pas sa forme entière de créature, elle se plaqua quand même contre le mur derrière elle et y força comme pour passer à travers. La panique la submergea. C'était ainsi que son frère avait été démembré. Par imprudence. La faim qui tenaillait leur corps d'enfants perdus dans le bidonville avait appelé l'imprudence, qui elle même avait invité les Humains. Les Humains ... Piégée, Zohra grogna par réflexe. Il n'y avait qu'à lui sauter à la gorge après tout. Juste un geste précis, et la Harpie pourrait fuir.

C'était ce qu'elle s’apprêtait à faire au moment même où la silhouette frêle d'une simple gamine se dessina dans la lueur projetée par la rue derrière elle. L'apparition ne manqua pas de faire enfler cette colère, menée par la peur terrible qui frappait Zohra. Alors elle fonça sur elle... sans attendre une seconde, elle se redressa pour plonger ses doubles iris ambre dans la glace de celui de cette petite Humaine. Seulement, une chose l'arrêta. Un détail... troublant. Le regard ne répondait pas. Il ne possédait ni étonnement ni peur... Ni rien. Zohra resta figée un instant, avant que la jeune femme ne fonde sur le mourant pour tenter de lui venir en aide. C'était effarant. C'était comme être ... invisible ? Quelques minutes passèrent avant que la Harpie ne semble prendre conscience de ce phénomène qu'elle ne comprenait pas. Elle avait été là ! A quelques centimètres de ce visage inconnu qui l'avait simplement occulté. Le temps de s'approcher encore de la fille pour faire quelques signes, et la peur retombait un peu au profit de la curiosité. Un rire lui échappa... et puis soudainement, c'était l'envie de jouer qui prenait aux tripes !

D'un geste sec, Zohra arracha le portable des mains de la pâlotte pour le jeter avec force quelques mètres plus loin. Et puis, par griserie et curiosité, à cause de ce plaisir incroyable que cela procurait d'être littéralement invisible, Zohra donna un coup contre l'épaule de la fille pour lui faire perdre l'équilibre. Puis elle émit un autre rire, en essuyant négligemment le sang de sa bouche. Pour sûr... ça allait être amusant !

Tu m'entends la planche de pain ? Dis moi que tu m'entends, se serait encore plus drôle...

Et prise dans l'élan épique de cette situation incompréhensible et inédite, elle en oublia presque que se phénomène ne s'appliquait sans doute pas qu'à cette fille. La Harpie ne fuyait pas... Au contraire elle tournait autour de l'Humaine, jusqu'à lui claquer vigoureusement le postérieur en guise de provocation ...

Et boom ! Tu l'auras senti celle-ci ma conne !

You've got no place to hide

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Tu trépignes sur place, avale une bouffée d'air toxique et jure entre tes mâchoires. T'as plus d'autres choix que d'essuyer tes mains sur le textile de ton t-shirt et manque une nouvelle fois de cracher ta bile. Et dire qu'il va falloir que tu laves ça. Non, poubelle. Tes pupilles se dilatent au moment où ton portable glisse de tes doigts.

« - Merde !

Une goûte de sueur perle le long de ton échine. Tu ne viens quand même pas de jeter ton téléphone, si ? Espèce de conne ! Tes lippes s’épanouissent comme un bourgeon d'où une exhalaison s'évapore. Tu ne saisis pas. Une chimère invisible gouape ton épaule droite et tu te retrouves sur le cul, le cul sur l'asphalte. Bien trop proche du pauvre bougre qui vit probablement ses dernières minutes. Son expression et son regard lointain te reviennent alors qu'il agitait sa dextre avec panique. Il y a quelqu'un. T'es à deux souffles de recracher ta bile en réalisant que le tueur est là, quelque part, à se foutre de ta gueule. Est-ce qu'il a une arme ? Est-ce qu'il a tiré sur ton téléphone ? C'est une foutue partie de Qui-est-ce qui se joue à ton insu. Tu l'aurais forcément entendu ou senti. C'est invraisemblable. Mais la logique décampe vitede ta tête ar-en-ciel alors que tes veines vibrent à l'intérieur de ton corps gelé. La trouille te persécute et elle n'est visiblement la seule. Et tu l'entends, l'éclat de rire, les paroles abjectes crachés dans l'air. Tes longues guibolles tremblent et l'impulsion met du temps au démarrage. Tu bondis de toute ta hauteur tel un ninja foireux, plante tes pieds sur le goudron humide et retient ta respiration. Il y a forcément quelqu'un. Outre l'homme à terre entouré d'un miasme d'ordures et de pisse.

La voix semble t'effleurer.
PAF.
Un cri aiguë te sort par les vocales et tu sursautes en sentant un claquement sur ta croupe.

- C'EST QUOI CE BORDEL ?! Tu jures en te retournant pour chopper le couvercle d'une poubelle.

Tu pédales tel le moulin à vent sur sa colline, encore et encore, tourne et cogne partout qu'importe l'endroit. Tu veux juste trouver la petite garce qui te fait tourner en bourrique. La poubelle résonne finalement et s'encastre quelque part. Elle vibre dans tes mains tellement le choc est brutal. T'as pas eu le temps de voir où que t'entends un bruit de chair et de tissu qui s'écrase non loin de toi. Tu clignes des yeux en t'entend d'y voir plus loin que le bout de ton nez. Mains en avant, couvercle comme bouclier, tu te la joues Wonder Woman sur la piste de combat.

La hardiesse en moins.

- J'te préviens charogne, j'ai fait du kick-boxing ! tu menaces avec rage et trop de conviction pour être totalement honnête. Sors de ta planque, connasse ! »

Tu es au moins sûre d'une chose, la chimère n'en est pas une et c'est une foutue garce qui se joue de tes nerfs.

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Incroyable, la fille ne la voyait vraiment pas ! L'espace de quelques secondes, Zohra se demanda s'il n'y avait pas un don caché chez les Harpies, dont elle n'aurait jamais entendu parler... mais cette pensée plus que fugace fut balayée par le pur divertissement surréaliste qu'offrait cette situation (encore mieux que TPMP sur la courbe de la connerie). Il fallait croire que la crainte de l'humain l'avait totalement abandonné maintenant que les pupilles de l'un d'entre eux prenait soin de ne pas pouvoir l'observer. C'était... jouissif. Comparable à cette capacité de camouflage qu'elle possédait sous sa forme totale de Harpie... forme qu'elle n'abordait jamais. Alors Zohra comprenait bien cette impression de force que cela pouvait laisser aux espèces douées de ce talent. La gamine était tombée sur le cul, avant de se le faire vigoureusement claquer. Et la Harpie s'amusait comme une petite folle à tel point qu'elle sautillait sur ses pieds nus. D'ailleurs, où étaient ses foutus godasses ? Elle devait les avoir paumés dans le coin, au moment d'ouvrir la panse pour en arracher les viscères, probablement. Peut important, Zohra souriait tandis qu'elle oubliait un peu trop la gravité de la situation. Se nourrir devait avoir fait exploser sa jauge d'euphorie, ce qui rimait souvent avec stupidité. Son instinct de survie semblait en veille... une sensation étrange qui n'était pourtant pas suffisamment puissante pour ignorer la fille aux cheveux tâchés de chimie.

Alors elle ricana, moqueuse, lorsque la pauvresse arracha un couvercle de poubelle pour jouer les Captain America top budget. Par deux fois elle esquiva sans peine les bourrades de la jument mécontente, avant de rire d'elle à nouveau... et de perdre sa vigilance une seconde de trop. L'humaine avait plus de force que cela n'en paraissait, à en croire l'impact qui suivit et la propulsion vers le mur. Mais avant même la réception, la Harpie sentait que cette vexation d'avoir été atteinte se solderait mal. Alors une pensée vive traversa son esprit. Tout dépendrait de sa chute : Pile, elle serait juste vilaine. Face, elle serait une connasse... comme venait de le suggérer la truie arc-en-ciel.

Face. La tronche en prime.

Le sursaut de mauvaise humeur et d'humiliation lui fit ignorer la douleur de son nez, ouvert sur l'arrête. Un moindre mal, comparé à la fierté piétinée qui couinait de rage au fond d'elle. Pauvre petite chose. Sans même s'en rendre compte, sa forme Humaine était revenue, mais encore certaine de son invisibilité et protéger par l'obscurité, elle ne sentait pas le regard de l'humaine sur sa carcasse. Alors elle en vint rapidement à bondir sur ses deux jambes, pour courir jusqu'à son agressive duelliste à deux balles et esquiver une dernière fois ce démonique couvercle qui lui avait imposé une cuisante défaite.

On ne dit pas connasse, petit fille. On dit enorme connasse...

Les babines dégoulinantes de sang jusqu’à tâcher son buste, Zohra agrippa la trachée de la fille sans perdre une seconde et plongea son regard dans le sien. Fini de jouer, comme disait le dicton Indien : Ne pas chercher à prolonger l'attrait d'une plaisanterie sous peine de le perdre. Ses pupilles dans les siennes, la Harpie cherchait à s'agripper à son âme pour la pervertir de mensonges, de cette séduction hypnotique qu'elle ne pratiquait pourtant pas à outrance. Mais là où les choses auraient dû être très simple... Zohra se heurta à un mur (pour la deuxième fois ... lewl). Ses yeux papillonnèrent en se rendant compte que l'esprit de la fille se défiait du sien, en glissant comme du sable entre des doigts. La Harpie décontenancée, en relâcha un peu sa prise à la gorge. Elle ne comprenait pas ce nouveau phénomène qui décidément, était plus dramatique que le premier. Alors Zohra abaissa sa garde, ne sachant plus comment réagir... et constatant surtout que les yeux de l'Humaine accrochait désormais les siens. Elle la voyait. Il n'y avait plus qu'à déglutir, et essayer de supporter la sueur froide qui la prenait.

Aiyo... mais qu'est-ce qu'il se passe là, merde ?!

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L'illusion s'évapore et tu cognes à nouveau le vide. C'est le néant complet. La casserole que tu serres entre tes doigts ne tinte plus. Terminé les cymbales ordurières. Tu blasphème dans l'air, apostrophe et menace, plus pour te donner une contenance qu'une véritable image de guerrière. T'en es bien loin. Tes papilles s'écarquillent au moment où tu distingues finalement une silhouette tapie dans l'ombre. Et tu la vois, la minuscule petite chose à la bouille immaculée d'hémoglobine. Tes arcades s'élèvent jusqu'à tes racines et tu manques de lâcher un juron de surprise. Mais la téméraire et sale garce bondit en avant, esquive une nouvelle attaque de fausse cymbale et t'agrippes la gorge. Ton cul s'écrase sur l'asphalte en premier, puis ton dos et ta tête. Ton échine te fait souffrir le martyre et c'est cette fois une vraie troupe d'orchestre qui s'égosille dans ta caboche. Ta crinière aux couleurs d'un océan pacifique s'étalent autour de ta bouille alerte et tu manques de couiner d’effroi. Les orteils du désormais macchabé sont juste à quelques centimètres de ton nez. Pourquoi ce machin n'a pas de chaussures ? Pourquoi la dégénérée n'en a pas non plus ? Tes prunelles valdinguent de gauche à droite, puis sur les deux soucoupes malsaines. Elle a un petit air de Drusilla, la vampire cinglée de Buffy contre les vampires.

Ce regard de démente et cette tronche de serial killer plantés sur un si petit corps.

La femme bande ses petits muscles et maintient sa prise, tellement que l'air manque à tes poumons. Tu te débats autant que possible, passe tes dextres sur le derme de l'attaquante et glisse sur son visage métisse. T'avises les dents tâchées de sang et l'horreur te gèle un peu plus sur place. Est-ce qu'elle est responsable ? Cette femme est-elle une foutue cannibale ? Elle te fixe obstinément tout en maintenant sa poigne régulière, sans exercer plus de pression. Elle attend quoi, la nouvelle annonce de retraite anticipée de Justin Bierber ? Ah ! La prise se fait de plus en plus lâche et tu recraches tes poumons. La douleur qui vibre à l'intérieur de ta gorge et si fulgurante que t'ignores si tu pourras encore parler après ça. Et voilà que l'autre jure quelque chose que tu ne comprends pas, trop occupée à vomir tes bronches. Tu sais juste une chose. C'est le moment ou jamais. Ta main droite forme un poing d'os et de nerfs avant de mitrailler le nez déjà bien amoché de la belle hystérique. Ca l'éloigne suffisamment pour t'aider à la repousser avec tes grandes pattes. Ton talons s'écrasent sur sa poitrine et tu te redresses le plus vite possible,  non sans déraper sur le bitume humide.

« - Espèce de cinglée ! Tu craches entre tes lippes sèches et une quinte de toux.

La rage écume d'entre tes pores et, par une inflexion qui te surprend toi-même, tu choppes l'assassine créature par le col et la plante contre le mur.

- Et traite moi encore une fois de p'tite fille, nain de jardin, et je t’étripe sans même faire l'effort d'appeler les flics. » tu jures entre tes dents.

Tu la reconnais à peine, cette femme qui menace et gronde.
Tu n'as même jamais rien tuer de ta vie, pas volontairement, du moins.
Bordel, tu bouffes même pas de viande ! Ce qui est clairement pas le cas de la tarée que tu bloques contre les briques rouges.  

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En suspension au dessus de la jeune femme, Zohra ressemblait à l'une de ses représentations de l'Asura Rahu en Inde. Une figure sombre et ensanglantée, les cheveux raides et noires de jais qui pointaient comme des serpents vers le visage blafard de sa victime désignée. Même sans ses attributs de Harpie, elle n'avait pas l'air des plus aimables... Au contraire, aurait-elle bu un shot de javelle que Zohra n'aurait pas eu l'air moins ... contrarié. Mais si elle avait au départ semblé déterminée en tenant fermement la gorge de la gosse, elle avait rapidement détecté cette anomalie déconcertante qui brutalement avait sapé sa confiance et sa force. L'hésitation, l'incompréhension avaient balayé ses expressions et maintenant c'était vraiment un air dérouté qui saisissait ses traits. Comment était-ce possible ? Il s'agissait vraiment d'un mur, l'impression n'était pas furtive. Le don de Zohra se heurtait à une barrière qu'elle peinait vraiment à braver. Aussi lui semblait-il impossible de se confronter à cette force là, quelque chose d'inconnu et de solide qui paraissait avoir des failles, et la Harpie cherchait à s'y engouffrer. Si seulement l'humaine voulait bien cesser de la déconcentrer... avec ses mains... pleines de doigts ! Et finalement, la concentration la condamna à l’échec. Zohra jura entre ses dents au moment où le poing s'écrasa contre son nez.

L'arrête craqua, tandis qu'elle rejetait la tête en arrière pour éviter que l'impact ne résonne à l'intérieur de son crâne. Le second coup lui coupa la respiration en plus de la laisser choir un peu plus loin. Mais elle n'émit pas un seul son... c'était une habitude, de ne surtout pas faire de bruit, de rester sur ses gardes au moins de ne pas même murmurer cette douleur qui rampait sous son buste. Enfin, ce n'était pas le silence qui lui évitait de voir des étoiles. Quand bien même, Zohra tâta délicatement son nez pour vérifier qu'il n'était pas casser... une chance, il ne l'était pas, mais elle grogna quand même à son propre contact avant de vouloir se relever entre deux suffocations. Puis l'étonnement peignit à nouveau son expression en se sentant attraper par le col et clouer au mur. Les rôles s'inversaient, mais au moins elle n'avait aucuns efforts à fournir pour retrouver le contact de ses pupilles de cette fille. Et tandis qu'une lueur vive animait les siennes, la Harpie prit le temps d'essuyer le vermeil qui s'écoulait de sa nase (j'ai pas dis qu'elle était naze hein ><) pour l'essuyer lentement sur la nuque, puis les vêtements de cette fille. Il n'y avait qu'une explication, elle n'était pas Humaine... c'était forcément ça, la solution à cette énigme qu'était cette immunité qui empêchait la Harpie de la manipuler facilement. Mais Zohra savait qu'elle en serait capable... avec un peu plus d'insistance, elle percerait ses défenses. Mais puisqu'il s'agissait d'une surnaturelle, y avait-il vraiment urgence ?

M'étriper, c'est adorable. Mais je te crois, sachant que tu n'es pas humaine. Mais qu'est-ce-que tu es, au juste ?  

Elle continuait de faire une tartine de sang sur la peau cristalline de cette grande brindille. Et petit à petit, elle forçait le mental de la créature qui la maintenait contre le mur. L'air de rien, comme un serpent, un brouillard qui s'insinuait sans un bruit pour tout engloutir sur son passage.

Je n'arrive pas à savoir... vraiment. Tu serais pas l'un de ces ... fantômes ? Bon sang, pourquoi n'as tu pas simplement passé ton chemin.

Elle y parvenait, Zohra en était certaine ! Le blocage était puissant mais la Harpie laissait exploser toute sa force et sa volonté pour s'engouffrer dans les méandres de cet esprit étrange pour l'hypnotiser comme il se devait. Et maintenant qu'elle avait reprit sa respiration, les deux mains de Zohra s'agrippèrent à la chevelure arc-en ciel pour plonger plus encore son regard dans le bleu glacé de la fille. Et l'air semblait vibrer autour d'elle, à moins que cela ne soit le corps de la Harpie, qui puisait dans ses forces les plus profondes.

Laisse-moi... PASSER !

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Elle bug, littéralement. La cinglée te fixe de ses grands yeux incommensurables et globulaires. Ses naseaux vibrent et une veine palpite sur sa tempe noyée de sueur. C'est quoi cette demeurée ? Tes dextres s'agrippent un peu plus fort au textile et tu craches un juron ardent. Elle a pas l'air de comprendre. Ses paroles ont aucun foutus sens et tu siffles entre tes gencives en la plaquant un peu plus contre le mur, sans quitter ses iris démentes.

« - J'rêve où tu viens de me traiter de freak, bob l'éponge ?

Ses yeux t'aspirent comme deux grosses luffa. Et dire que t'as fait option journalisme à Harvard. Bravo la prose. Elle baragouine toujours et tu finis par la repousser. Enfin, tu essaies. La voilà qui empoigne ta tête colorée en hurlant quelque chose qui n'a aucun sens. Toi, la désespérée, tu te débats comme une chiffonnière, râle et l'invective. Tu voudrais la gifler pour la voir voler à l'autre bout de la rue. C'est un foutu cauchemar et ce bordel n'a aucun sens.

- Lâche-moi, mais lâche- moi merde !

Mais c'est sans compter sur le phare qui t'explose les yeux au moment où tu tournes le menton vers le faisceau lumineux. Gné ?

- POLICE, PLUS UN GESTE !

T'aspires l'air si fort que tu pourrais gober les globules de la cannibale. Tu jettes l'autre enclume spongieuse sur le côté et lève les bras en l'air. Avec le seul argument qui franchit la barrière de tes lèvres rendues bleues par l'angoisse et le froid.

- C'ESTPASMOIC'ESTELLE !

Vraiment ? Tu manques  presque de recracher ta bile tellement ton argument goûte le miasme de la ruelle. Soit la pisse, la crasse et l'hémoglobine. Tu vois le flic agripper son talkie-walkie et brailler un code que t'oublie bien vite, trop occupée que t'es à retenir ton périnée de relâcher tout ce que t'as dans la vessie.

- M'sieur l'agent, j'ai surpris cette femme en train de … De faire je sais pas quoi à ce type », tu couines entre tes dents alors qu'il approche, arme tendue.

Il est presque aussi pâle que toi, surtout depuis qu'il a vu le cadavre encore chaud. Tu ne bouges plus, tes ongles tendus vers le ciel. Tu n'as rien fait et tout le prouve. Surtout la grosse tâche sanglante collées aux lippes de l'autre hystérique. Mais l'autre  poulet te beugle de la fermer et sort de menottes à l'allure glaciale et douloureuse.

Non, t'es trop intègre pour finir en taule, merde !   

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Elle y était presque ! Zohra le sentait. A force de pousser cette défense incompréhensible, dans ses retranchements, à force de l'inonder de manière si radicale, la Harpie sentait ses failles. Pour s'y engouffrer il fallait encore faire quelques efforts mais bientôt il serait possible d'envahir complétement l'âme de cette diaphane créature pour manipuler ses pensées comme l'on façonne l'argile. Un brin de cette séduction de Harpie, et la fille oublierait son visage. Peut être même lui laisserait-elle quelque chose de plus cuisant en guise de souvenir. Comme la culpabilité d'avoir assassiné à mains nues cet homme étendu par terre. Ça, c'était cadeau, ça fait plaisir...

Le regard de la Harpie brilla de plus belle à la seconde même où elle sentit le blocage céder sous le poids de ses attaques. Un sourire carnassier vint éclore sur son visage souillé par deux sang bien différent. Celui-ci pourtant ne perdura pas longtemps, quand l'écho de cette voix inconnue et tranchante résonna dans la ruelle et dans son corps tout entier, en proie à une terreur véritable.

POLICE, PLUS UN GESTE !

Non, pas un Humain !! Pas le pire qui soit ! Sans perdre une seconde, Zohra lâcha ses prises dans les cheveux bisounours et se laissa choir par terre, les mains levées vers le ciel. Aveuglée mais surtout totalement apeurée, les flash se consumaient devant ses yeux. Surprise par des humains, traquées... le corps de son frère... un enfant, démembré par une foule enragée de monstres sans aucun pouvoir. Son cœur battait jusqu'à rependre cette terreur noire dans son corps entier. Ses membres s'engourdissaient et c'était à peine dans quelques secondes, Zohra se sentirait capable de se lever. Mais l’instinct de survie, celui-là était plus fort sans aucun doute qu'un corps défaillant. Les hurlements débiles de la fille semblaient déjà lointain, alors qu'elle analysait la situation. L'emplacement du flic, ses gestes... sa distance. Il venait de prévenir ses coéquipiers, c'était maintenant qu'il fallait agir. Ou alors elle était perdue.

Mais étouffe toi avec ta bile, espèce de garce et ferme là !

Elle s'adressait à la gamine mais c'était le flic qu'elle fixait sans relâche. La peur était si forte qu'elle peinait à respirer, mais elle devait se tirer d'ici en vitesse ! Alors dès que le type croisa son regard, les choses se firent d'elle même. La Harpie l'envouta sans difficulté ni mérite. Leurs regards se figèrent l'un dans l'autre et quand il baissa son arme, Zohra parvint à se redresser en se soutenant au mur.

Viens ...

Elle lui tendit une main pour qu'il la saisisse, l'enlace et la retienne. Puis elle désigna le talkie-walkie. L'urgence, c'était ça.

Dis leur que c'était une fausse alerte.

Bad cops s’exécuta sans peine, et la voix dans le talkie-walkie demanda des détails auxquels il répondit fidèlement. Sans ciller, Zohra continuait à exercer sa fascination sur lui, reprenant alors de l'assurance bien que la terreur se lisait toujours sur ses traits. Et puis, lorsque l'homme fut suffisamment atteins, la Harpie se tourna vers la jeune femme pour la narguer d'un sourire et lui jeter avec mépris.

Le sang de la deuxième victime... se sera sur tes mains, princesse.

Et sans attendre une seconde, les iris se dédoublèrent à nouveau, les crocs s'étirèrent dans cette bouche gourmande et insatiable. En quelques secondes, la jugulaire du policier était arrachée, et des flots de sang giclaient sur la jeune femme au teint pâle qui se tenait trop près de la victime pour y échapper.

You've got no place to hide

And I'm feeling like a villain, got a hunger inside. One look in my eyes. And you're running cause I'm coming going to eat you alive.Your heart hits like a drum. The chase has just begun.Monsters stuck in your head. We are, we are, we are. Monsters under your bed. We are, we are. We are monsters.We are, we are, we are monsters.

       

L'écume perle sur ta nuque. Tu sens les poils fins de ton derme se dresser sous ta veste, la chair de poule s'étale partout sur ta carne et tu trembles frugalement, pourléchant un filet de sueur au-dessus de ta lippe supérieure. Tu vas crever ici si ce connard ne se décide pas à agir. Un souffle spasmodique s'échappe d'entre tes lèvres redevenues roses et tu manques de lâcher un juron à l'autre grognasse qui se tient à tes côtés, à moitié étalée sur le sol. Tu voudrais bien lui foutre un coup de talon dans le crane, mais t'as trop peur de te prendre une balle entre les deux yeux. D'un air revêche, tu te contentes de serrer les dents. Non pas pour obéir à l'autre folle, mais pour t'éviter de nouvelles merdes. Ton frère est avocat, tu sais ce que tu dois faire en cas de pépins. L'appeler le plus vite possible pour qu'il vienne t'aider et ne rien dire d'ici là. A personne. Tu souffles longuement alors que l'autre déplie son échine et couine des paroles intelligibles. Elle baragouine et toi tu souffles, fronces tes arcades et retiens ton souffle.

Quoi ?

« - A quoi tu joues espèce de dégénérée ? Tu beugles, mains toujours levées en l'air.

Le flic vous fixe d'un air de plus en plus morne et se traîne d'une allure saccadée, le canon du flingue grêlé à présent vers vos nombrils. Qu'est-ce que c'est que ce délire ? Tes iris s'écarquillent et tu balbuties en baissant progressivement tes dextres molles, l'échine courbée et l’œil halluciné. Tu le vois avancer, prendre son engin de malheur et … Avertir. Rien. Fausse alerte. Non, pas fausse alerte du tout ! Reprends ça tout de suite et sauve-mon cul de là, enfoiré ! Quoi ? La fille, elle est floue. Elle s'évapore et s'étale dans l'air pour ne faire plus qu'un avec l'invisible. Redeviens chimère. Ton cœur palpite. Organe qui bondit. Gerbe au coin des lippes. Le trou béant creusé dans la chair de l'humain par l'invisible. Tout défile trop vite. Toi, tu piges plus grand chose à part que ta vie est en danger. Tu veux courir. Fuir. T'envoler de cette foutue ville. Tes épaules tressautent alors que tu plaques ta main contre ta bouille à présent maculée de carmin.

L'eau de vie souille ta chair rendue pâle comme la lune. Des morceaux de chair s'étalent et volent. Une flaque dégouline de la plaie jusqu'au bitume et s'écoule lentement entre les sillons imparfaits du béton.

Fuir.

Tu trembles, t'étales de tout ton long et grattes le sol du bout de tes doigts tremblants. Tes ongles se brisent et un hoquet est gerbé de tes babines tordues.

- A L'AIDE ! »

Le sel de tes larmes pénètre jusqu'à ta langue et tu te redresses. Il faut que tu te casses d'ici. T'agrippes ton sac, trop éveillée pour oublier que ton identité est bien planquée à l'intérieur. Seul véritable obstacle entre elle et toi. Si tu survies.

Alors tu cours.

Tu valdingues entre les boyaux de Londres et tu t'échappes pour ta vie.
Et tant pis pour le reste. 

You've got no place to hide

And I'm feeling like a villain, got a hunger inside. One look in my eyes. And you're running cause I'm coming going to eat you alive.Your heart hits like a drum. The chase has just begun.Monsters stuck in your head. We are, we are, we are. Monsters under your bed. We are, we are. We are monsters.We are, we are, we are monsters.

       

La giclée de sang ne tâcha pas que la silhouette de l’humaine derrière elle. Le faciès entier de la Harpie fut aspergé de cette liqueur brûlante et épaisse. Entre ses bras, le corps de l’homme resta figé quelques instants avant qu’il ne se laisse glisser lentement vers le sol. Une flaque inonda bientôt le bitume, s’élargissant de seconde en seconde. Et par reflexe Zohra recula de quelques pas pour ne pas en avoir les pieds tâchés. Puis elle se tourna vers la fille… qui a nouveau ne semblait plus la voir. Mais que cela résulte du choc ou de cette barrière qu’elle avait à peine réussis à détourner, Zohra ignora l’état de cette étrange créature. Maintenant que l’appel avait été passé, et même si la fausse alerte avait été dénoncé… la Harpie ne souhaitait pas s’éterniser sans le coin. Elle y était depuis trop longtemps, et les deux cadavres à son actif commençaient à la faire hautement paniquer. Se nourrir était déjà quelque chose de pénible, une obligation terrifiante qu’elle n’honorait que trop peu et qui… voilà, venait de la foutre clairement dans la merde.

Et puisque la fille s’était déjà envolée en prenant les jambes à son cou, la Harpie allait très vite faire de même. Tant pis pour elle… A toute vitesse, Zohra s’était mis à réfléchir à la situation. Rien ne permettrait à cette godiche de remonter jusqu’à elle. Sa description ne suffirait pas… quand bien même, la créature tenta de s’en convaincre. Pour ne pas paniquer d’avantage… Son ventre se tordait déjà suffisamment, sa respiration se coupait frénétiquement sous l’influence des battements de son cœur. Se débarbouiller avec les pans de sa robe, essayer de se débarrasser de ce sang sur son visage. Puis récupérer ses chaussures et tirer son manteau devant les taches du tissu sanglant. En quelques secondes, Zohra sortait de la ruelle (non sans déraper sur du sang…) au moment où la fille au loin, criait à l’aide. Visible au loin, courant comme si elle fuyait le diable en personne… Mais la Harpie céda avant toute chose à sa peur et plutôt que de poursuivre la proie pour l’achever, elle préféra fuir, à son tour.

Alors en prenant la direction opposée de l’autre, et en s’éloignant de la ruelle qui clignotait sous les phares de la voiture de police, Zohra se fraya un chemin dans les ombres. Non sans se demander si elle prenait la bonne décision.