Aujourd'hui allait être un jour différent des  autres puisque le dimanche était considéré comme était un jour où l'on ne travaillait pas. Riley avait du mal à comprendre ce concept de jour de repos définit dans la semaine, elle avait de toute façon du mal à assimiler cette notion de travail. Il fallait toujours se lever à la même heure, travailler le même nombre d'heures et avoir le même jour de repos chaque semaines. Alors certes, ce mode de vie apportait une certaines de stabilité mais il apportait aussi la routine. Et Riley avait horreur de la routine. La Nephilim avait donc décidée de se balader dans les rues de Londres afin de découvrir plus en profondeur la ville et surtout de voir de ses propres yeux ce qu'était un marché aux puces. Elle avait appris quelques jours plus tôt que celui de Portobello Road était connu pour être une vraie mine d'or et toute cette notoriété l'avait intriguée.

Elle était donc en chemin pour s'y rendre lorsqu'au détour d'une rue elle sentit un regard peser sur elle. Et pas n'importe quel regard, son regard. Se crispant tout à coup en reconnaissant celui qui avait pris cette mauvaise habitude de l'épier elle poursuivit son chemin l'air de rien. Elle avait apprit à préserver les apparences et elle était bien décidée à ne montrer aucun signes indiquant au sioniste qu'elle l'avait repérée. Riley se détourna de son itinéraire pour s'enfoncer de plus en plus dans des ruelles très peu, voir pas du tout fréquentées. Lorsqu'elle parvint à prendre une légère avance sur lui, du moins assez pour parvenir à sortir de son champs de vision plus de cinq secondes, elle s'enfonça rapidement dans une crevasse cachée au détour d'une rue où il était impossible pour le sioniste de la voir avant d'arriver à son niveau. La Néphilim comptait bien se confronter à lui une bonne fois pour toute. Alors qu'il s'avançait de plus en plus d'elle, la jeune femme décela le moment où il parvint à sentir sa présence dans l'ombre et à défaut de voir de la colère sur son visage elle y décela de la frustration. « Depuis combien de temps ? » Riley se détacha alors de l'ombre, les ailes élégamment dressée dans son dos et continua de le contourner tout en l'observant. Elle n'éprouvait aucune haine envers les sionistes, aux final ils était comme eux, des créatures manipulées par les humains afin de servir leurs ridicules idéaux. La seule différence qui les séparaient était que les Nephilims ne se soumettaient à personne. Elle afficha alors un petit sourire hautin sur les lèvres et lui répondit tout en se plantant devant lui.

- Ce ne serait plus drôle si je te le disais.

Tout en le détaillant des pieds à la tête (afin de mesurer à qui elle avait à faire bien entendu) elle croisa les bras sur sa poitrine. Elle avait tenue à maintenir une certaine distance entre eux, refusant de se laisser prendre par surprise en cas d'attaque. Elle n'était pas assez folle pour se croire supérieur à la magie sombre d'un Sioniste. La Nephilim accrocha de nouveau le regard de l'homme devant elle et lui demanda d'une voix méfiante.

- Pourquoi m'espionnes-tu depuis plusieurs jours ?

Elle continua de le fixer, espérant bien qu'il allait satisfaire sa curiosité et surtout lui révéler si intentions étaient hostiles ou non.

Son regard braquée sur lui, elle attendait avec grande impatience sa réponse, bien qu'elle doutait de la sincérité qu'il allait y mettre. Après tout, pourquoi lui révélerait-il la raison qui le poussait à la suivre ainsi ? Sa réponse ne tarda pas, mettant fin à ses doutes. « Ça ne serait plus drôle si je te le disais… » Elle recula alors imperceptiblement la tête, alors était-ce ainsi qu'il voulait jouer ? Car au final, celui qui devait rapporter des informations c'était bien lui, et rien que pour ça, il était hors de question que Riley lui dise quoi que ce soit. Seulement elle ne s'était pas attendue à ce qu'il se joue ainsi d'elle. Elle afficha une moue exagérée afin de montrer son mécontentement au sioniste puis détourna les yeux.

Tout en observant la rue dans laquelle ils se trouvaient, cherchant tant bien que mal à montrer qu'il ne l'intéressait pas tant que ça, elle écoutait d'une oreille distraite ce qu'il lui disait. « Depuis combien de temps ? » Sa question l'intrigua plus que de raison et Riley se reconcentra sur lui, il tenait vraiment à avoir le dernier mot. Alors en plus d'être un Sioniste il avait un caractère exécrable ?  Elle haussa négligemment un de ses sourcils tout en affichant un sourire satisfait. Elle attendit, comme ça plusieurs secondes, ne sachant encore si elle allait lui répondre ou non. Il fallait avouer qu'il était perspicace.

- Ecoute, je ne te dirais pas depuis combien de temps mais sache que je t'ai repéré à chaque fois que tu me suivais, alors il va falloir te faire une raison.

La Nephilim haussa les épaules comme si c'était un détail insignifiant. Après l'avoir évalué du regard, elle estima qu'il n'était pas un danger immédiat pour elle, auquel cas il l'aurait attaqué lorsqu'elle lui avait montré qu'elle l'avait repérée. Elle se détourna d'un pas rapide de lui, ne craignant pas de lui montrer son dos et lui lança d'une voix légère.

- Si tu veux bien m'excuser, j'ai plus intéressant à faire que de t'écouter répéter ta question comme un vieux sénile.

Sur ces douces paroles, elle s'engagea dans une nouvelle rue bien décidée à retourner à ses petits occupations, c'est à dire dénicher son marché aux puces. Bien qu'au fond d'elle, une petite part espérait qu'il n'allait pas lâcher l'affaire.

Lorsqu'elle s'avança dans les rues, elle n'eut pas le sentiment d'être suivie, peut être avait-il compris qu'elle avait besoin de liberté ? Qu'elle n'avait en aucun cas quitté le Népal dans le but de commettre des attaques envers leur religion ? Enfin, elle ne pouvait faire aucune supposition avec si peu de recul, il avait probablement autre chose à faire de bien plus intéressant que de la poursuivre des les ruelles. La Nephilim continua donc son avancée d'un pas léger en direction du marché, se retrouvant souvent obligée de lire le nom des rues afin de se repérer. Elle n'était encore jamais venue dans ce quartier et il lui fallait donc faire preuve d'un grand sens de l'orientation afin de retrouver son chemin initial. Au détour de la dernière rue qui menait à son point d'arrivé, elle remarqua alors la silhouette du Sioniste au loin, guettant son arrivée. Allons bon, ce jeu du chat et de la souris allait peut être devenir intéressant après tout. D'une démarche féline, elle jeta un regard aiguisé sur cet homme qui se tenait là sur cette rambarde. Ils avaient passé tant de temps à se jauger du regard, à s'épier l'un et l'autre afin de déterminer a quel adversaire ils avaient affaire qu'à présent elle avait l'impression de se retrouver face à une toute autre personne, elle pouvait mettre une voix sur ce visage. «  Je suis pas si vieux que ça, mais je le concède, une tisane avant de dormir n'est jamais de refus. » Tentait-il de faire de l'humour lui aussi ? Tout dans son expression laissant pourtant indiquer le contraire. La Nephilim s'arrêta quelques secondes à son niveau, réprimant son envie d'aller découvrir ce lieu remplis d'antiquités humaines. Sa curiosité frétillait sous sa peau et elle était retenue à quelques mètres de là part un Sioniste. Quelle ironie. Car lui faisait ressentir tout le contraire du frétillement. Bien qu'une petite pointe de curiosité la poussait à écouter ce qu'il avait à dire. «  Un marché au puce ? Simple plaisir de quinquagénaire ou rencontre au sommet ? » Elle faillit s'étouffer face à cet affront. Clignant des yeux elle l'observa un moment tout en réfléchissant à ce qu'il venait de demander. Croyait-il sincèrement qu'elle était à Londres dans le but d'un complot visant leur autorité ? Où était-ce encore là une trace d'humour de sa part. Elle ne savait dire encore s'il était sérieux ou non.

Finalement un petit sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'elle décida de prendre tout ça à la légère. Elle n'avait rien à se reprochait,  son comportement était irréprochable. Était-ce sa faute si tout le monde se montrait hostile envers elle ? Un de plus ou un de moins, elle ne voyait plus la différence. Elle haussa négligemment tout en lui jetant un regard en coin.

- Si tu savais réellement quel âge j'ai, tu ne serais probablement pas surpris de me voir aller dans ce genre d'endroit.

Elle lui offrit un petit clin d’œil et traversa les quelques mètres qui la séparait de l'entrée avant de s'y engouffrer. Sa vision s'adapta instantanément à la légère obscurité de la pièce où elle jeta un regard circulaire. C'était un marché couvert, spécialement tenu l'hivers afin d'éviter les caprices du temps. Des étales se déversaient tout le long de l’entrepôt qui devait au moins faire dans les 1500m2. Elle papillonna des yeux, instantanément surexcitée de découvrir tout ces petits trésors. Seulement, elle déchanta aussi rapidement lorsqu'elle se rendit compte des regards hostiles que lui lançaient la plupart des humains dans l'entrée.

Alors qu'à son tour elle détaillait du regard les humains qui se tenaient devant elle, Riley se demandait si un jour tout cela allait cesser. Les humains avaient façonnés les Nephilims de leurs mains, ils les adoraient, avaient insufflés toute leur confiance en ces créatures jusqu'au jour où elles ont eut envie de s’émanciper. De vivre leur propre vie sans faire la guerre, sans être esclave d'une autre race. Mais, au vue des regards que lui lançaient les habitants de la ville, ils ne cesseront jamais de faire la guerre. La présence du Sioniste à ses côtés lui fit contracter les mâchoires. «  L'homme est un être faible, aussi bien physiquement que mentalement, il a su faire la guerre à des peuples dont le même sang coulait dans ses veines, simplement par différence, par envie de pouvoir... Par religion. » Et c'était de cette faiblesse qu'étaient nés les Nephilims. Ses poings se crispèrent, elle n'avait nullement besoin de lui pour lui rappeler tout ça. « Je t'aurais bien prévenu, mais tu sembles si bien maîtriser les arcanes de ce monde que toutes aides mortelle doit-être inutile. Alors si tu es enfin prête à donner à ta race un peu de crédit, tu sais ou me trouver. » Du coin de l’œil elle l'observa se détourner et sortir du marché. Comment avait-elle pu si bien commencer la journée et se retrouver là, quelques heures plus tard avec l'envie de démembrer des corps ? Fronçant les sourcils, elle s'avança tout de même parmi les étales, bien déterminée à voir ce marché aux puces.

La Nephilim évita soigneusement les regards que lui jetaient les humains à son passage, et observa toute la multitude de petits objets étalée sur les tables. Si l’ambiance avait été au rendez-vous, elle aurait pu passer une agréable journée, seulement c'était sans compter la tension que l'on pouvait couper au couteaux qui émanait des visiteurs. Après une petite demie heure, Riley avait fait le tour du marché. Elle qui pensait qu'elle allait avoir de quoi s'occuper pour plusieurs heures, elle n'en avait même pas tenue une. Ressortant sans rien avoir acheté, la Nephilim n'avait pas tenté de s'adresser aux humains, ne voulant pas que sa virée vire au bain de sang. Une fois à l'extérieur, elle repéra le Sioniste assis sur un banc un peu plus loin dans la rue. Elle s'avança rapidement vers lui, bouillonnant de l'intérieur. Elle voulait découvrir le monde mais il s'obstinait à se fermer à elle, et ça l'énervait au plus haut point. Que cet homme en fut témoin la mettait hors d'elle. Lorsqu'elle arriva à sa hauteur, Riley attrapa le bouquin qu'il tenait entre les mains et le balança dans la rue. Il s'écrasa mollement dans une flaque d'eau quelques mètres plus loin et s'imbiba de l'eau crasseuse en quelques secondes, il était foutu quoi. Elle le toisa de haut et lui siffla d'une voix cassante.

- Tu critiques ces hommes alors que tu es toi même l'un des leurs. Tu critiques les erreurs qu'ils ont pu commettre par le passé mais ce que vous faites aujourd'hui est plus ignoble que tout. Vous, les Sionistes, vulgaire nom donné à des illuminés qui croient servir un Dieu qui n'a pourtant jamais dénier leur donner la moindre reconnaissance, vous vous croyez supérieur. Vous faites la guerre aux sorciers alors que vous leur volez leur propre magie.

Son corps entier frémissait sous la fureur, elle savait qu'elle ne devait pas montrer de tel accès de colère, elle savait qu'elle n'aurait pas dû montrer une telle part de sa personnalité à ce Sioniste assis devant elle, mais son ton hautin l'avait froissé, et bien plus que ça, sa cause lui était totalement incomprise. Le ciel, qui jusque là se faisait grisonnant pris une teinte beaucoup plus obscure. Les humeurs sombres de la Nephilim venaient influencer la météo au dessus de leur tête sans qu'elle ne s'en rende compte. A peine eut elle terminée sa phrase qu'elle enchaîna.

- Je n'avais aucune haine envers vous en venant ici, contrairement au autres je pensais que vous étiez vous aussi les pantins d'une cause bien plus grande mais quand je te regarde là, je me dis qu'en réalité ça vous plait. Que tu te plais à être manipulé et traité comme un esclave.

Elle lui avait craché ses mots d'une voix venimeuse qui se voulait redoutable. Il avait voulu réveiller des sentiments en elle, il avait gagner. Riley avait l'habitude d'être une créature posée et réfléchie, mes aujourd'hui les mots sortaient plus vite que ses propres pensées.

- Contrairement à vous, les humains, nous sommes des créatures loyales. Jamais, je dis bien jamais, je ne te révélerait quoi que ce soit concernant les Nephilims.

Il l'observa sans ciller, et Riley ne savait dire s'il prenait un malin plaisir ou alors une profonde lassitude à entretenir cette conversation. Lorsqu'il lui désigna le ciel, elle releva le regard, sous ses yeux le ciel se teintait de plus en plus, arrivant même au point où on se serait cru en début de soirée. Elle le savait, lorsque ses sentiments se faisaient violents, le ciel réagissait avec elle.«  Tu viens de m'en dire plus que je n'aurais pu l'espérer. » Son regard se planta de nouveau dans celui du Sioniste et elle haussa les épaule, pas perturbée par ce qu'il venait de lui dire, voir même intriguée.

- Mais quel Sioniste es-tu pour ignorer ce don ?

Elle se mit alors à le fixer du regard, essayant de comprendre encore une fois, pourquoi il agissait ainsi. Avait-il quelque chose à prouver ? Lui avait-on assignée cette tâche dans le but d'en apprendre plus sur les Nephilims ? Il était mal parti avec Riley, le sioniste était loin d'avoir touché le gros lot. La fureur maintenue sous un masque de rigidité bien mal dissimulée elle écouta ce qu'il allait rajouter. Elle écouta sa longue tirade sur les mauvais sorciers et la défense des plus faibles. Croyait-il réellement en son discours ? Parce que si c'était le cas, il manquait de conviction. Elle se mit alors à croiser les bras et l'écouta sans l'interrompre. Jusqu'à ce qu'une phrase ne l'interpelle. «  J'aurais pu t'abattre un milliard de fois Nephilim, mais je n'ai rien fait. Ce n'est en aucun cas par arrogance, simplement car jusqu'à présent tu ne représentais aucun dangers pour la population...  » Un sourire se dessina alors sur les lèvres de la jeune femme tandis qu'elle se rapprochait lentement de lui. Lorsqu'elle estima être assez proche de lui afin de lui souffler ces quelques mots, elle lui annonça d'une voix voluptueuse.

- Je t'ai laissé voir ce que tu voulais voir, crois moi, j'aurai pu t'abattre un milliard de fois aussi. Rappelle toi que si les humains nous ont créés, nous les Nephilims, c'était dans le but de palier votre incompétence.

Riley se redressa de nouveau afin de le toiser, s'attardant au passage sur d'étranges marques qu'il possédait aux poignets. Elle accrocha de nouveau son regard sur le sien pour lui dire froidement.

- L'humanité à peur de ce qu'il ne comprend pas.

La Nephilim poussa un soupire en relâchant ses épaules, n'ayant pas envie de se mettre dans un état qui frisait l'apoplexie elle se força à se détendre. Les nuages s'éclaircirent instantanément tandis qu'elle posait de nouveau ses yeux sur le Sioniste assis devant elle. D'une voix lasse elle ajouta.

- Cette histoire que tu m'as raconté, la prochaine fois que tu la récitera, tâche au moins d'être convaincant. Sur ce, je préfère partir avant de finir par devoir te tuer.

Sans un mot de plus elle se recula de quelques pas sans décrocher son regard du sien. Riley ne lui laissa pas non plus le temps de répondre ou de l'empêcher de partir. D'une flexion souple elle prit son impulsion et décolla dans les airs dans un nuage de plume sombres. Ainsi, elle était certaine que le Sioniste ne parviendrait pas à la suivre.