| Chapitre 1 : With the taste of a poison paradise |
« Cadi, s’il te plait…
–
Non ! Non ! Non ! Non ! J’y arrive pas c’est tout !! Lâche-moi maintenant ! »
La brunette s’était levée brusquement, manquant de faire tomber sa chaise. Sa grande sœur – définitivement plus grande qu’elle dans à peu près tous les critères qu’on pouvait choisir, même abstraits – la regardait avec un air pincé. Le verre d’eau sur la table n’avait pas eu autant de chance que la chaise et s’était renversé, délivrant son contenu sur le plateau de bois puis sur le sol à force de gouttes tombantes. Morgane soupira et remua un peu la main pour nettoyer le tout, remettant le verre debout et l’eau dedans. Cadi leva les yeux au ciel et se détourna pour quitter l’étude.
Elle en voulait à sa sœur d’être trop parfaite. Et trop gentille quand elle essayait de l’aider. Et de rester si calme avec sa voix délicate quand elle, elle s’énervait. Ça ne faisait qu’empirer les choses. Elle le savait, elle n’arriverait jamais à maitriser l’élément familial. Et au fond, c’était à elle-même qu’elle en voulait le plus de ne pas pouvoir s’élever aux attentes de ses parents et de sa sœur.
Cadi attrapa un pull à capuche et s’enfuit sous la pluie pour évacuer sa frustration. Même la météo était contre elle, lui mettant sous le nez l’élément qu’elle ne pouvait pas maitriser. Et le pire dans tout ça, c’était que ça la bloquait pour tout le reste.
La brunette ne partit pas bien loin finalement, et sa sœur la retrouva au bout du jardin, trempée, alors qu’elle-même était complètement sèche, les gouttes la contournant comme si c’était naturel.
« Ne t’inquiète pas
Mouse ça viendra un jour ou l’autre. »
Cadi grommela et croisa les bras. Morgane essayait toujours de l’amadouer avec ce surnom depuis des années et la cadette s’en voulait de ne pouvoir jamais rester en colère contre la grande.
« Aller viens » fit cette dernière en mettant une main sur son épaule pour la ramener au sec tout en faisant sortir l’eau de ses vêtements et en les protégeant toutes les deux de la pluie qui tombait toujours à verse.
| Chapitre 2 : Time to blow out Be a little inappropriate |
Depuis la dernière fois, Cadi avait eu l’occasion de se rendre compte que le destin avait décidé qu’elle ne maitriserait pas l’élément familial. Elle se retrouvait à manipuler l’un de ceux qui lui étaient opposé : la terre. On opposait souvent l’eau au feu, mais dans la manipulation, le feu était aussi fluide que l’eau. Ce qui n’était pas vraiment le cas de la terre.
Ça avait été le premier pas pour s’éloigner de ses parents et de sa sœur. Quand elle avait finalement trouvé son élément, littéralement et figurativement, ça l’avait un peu décoincée pour la magie de grimoire. Sa sœur l’aidait principalement, mais elle avait aussi rencontré d’autres alchimistes.
Et oui, ce n’était pas parce qu’elle n’était pas une « aquatique » que ses parents avaient renoncé à faire d’elle une alchimiste fan de mithridation comme le reste de la lignée.
Mais Morgane devait se rendre à l’évidence, elles avançaient aussi vers un mur dans ce domaine. Cadi n’était pas plus enjouée à l’idée de faire des potions qu’à celle de jouer avec les liquides. Et plus le temps passait, et moins la cadette était docile.
La brunette profitait systématiquement des moments où personne la surveillait pour filer dans le monde des humains « normaux » où elle se sentait bien plus libre de ses mouvements. Un soir, elle était même revenue avec une nouvelle coupe de cheveux qui avait manqué de faire défaillir sa mère.
Et puis quand Cadi avait compris que tout ce que sa famille voulait c’était de faire d’elle ce qu’ils étaient : des soldats anti-humains, même au-delà des Sionistes, elle décida qu’elle ne reviendrait plus.
Elle avait juste laissé un mot sur son lit
« Peace & Love. Allez vous faire cuire un œuf entre suprématistes magiques ! Sayonara ! » | Chapitre 3 : Early morning , she wakes up |
« Oh Owen, est-ce que tu pourrais aller chercher une dinde chez le boucher ? »
Cadi leva les yeux au ciel. La vieille n’avait toujours pas compris qu’elle était une fille, et que
Owens était son nom de famille. Pour autant, elle pouvait vivre dans une petite chambre dans sa maison plutôt correcte tant qu’elle s’occupait des tâches ménagères et qu’elle faisait ce qu’on lui demandait. La fille de madame Tiguay quant à elle acceptait tout ça tant qu’il y avait quelqu’un pour surveiller sa sénile de mère.
«
Oh oups » fit Cadi en manquant de percuter quelqu’un au moment même où elle ouvrait la porte. Attendez, elle connaissait ce visage. Ah oui ! C’était la petite fille. La petite fille méga mignonne dont il avait des photos partout dans la chambre où elle dormait…
Elle aurait dû savoir qu’elle allait lui attirer des ennuis. Mais la brunette avait une intuition de merde. Ou ne savait pas du tout l’écouter.
Mais Cadi ne s’en rendit compte que le jour où Helena Tiguay ouvrit en grand la porte de « sa » chambre alors que sa fille était nue dans ses bras.
Résultat : Une mère en colère, une grand-mère dans les vapes, une Lucie punie jusqu'à la fin des temps et une même-pas-vraiment-sorcière à la rue.
| Chapitre 4 : Oops I did it again |
Et il semblerait qu’elle ne sache pas apprendre de ses erreurs. Ce ne fut donc pas juste une impression de déjà vu qu’elle eut quand Drew ouvrit la porte de sa chambre pour la voir elle la tête entre les seins de sa copine à lui.
Cette fois-ci, le résultat d’avoir était prise la main dans le sac (enfin, pas vraiment, plutôt entre une paire de cuisses sveltes et musclées et très douces) fut un couple en train de s’engueuler et … une toujours-même-pas-vraiment-sorcière à la rue.
Après les Tiguay, Cadi avait fini par trouver une colocation avec des étudiants. Le problème était qu’elle avait aussi flashé sur la copine du fils du proprio, et il vivait dans l’appart. Evidemment, il avait donc presque tous les droits de la foutre dehors. Si elle avait eu la moindre notion de droit peut-être qu’elle aurait eu l’idée de l’attaquer en justice.
Enfin, c’était pas comme si elle avait les moyens de payer quelqu’un pour faire ça. Peut-être qu’elle devrait vraiment songer à vendre les bijoux qu’elle fabriquait le soir en plus de bosser ses deux boulots.
«
Salut Lou– Qu’est-ce que tu fais avec toute ta maison sur le dos, gamine.
–
J’ai 23 ans !– J’en ai 32….
–
Je me suis fait virer de ma coloc. – Sale histoire » son boss grimaça puis fut interpelé par un client et s’éloigna avant d’avoir pu continuer.
Le grelot de la porte sonna peu après pour laisser entrer une grande fille aux cheveux colorés.
«
Coucou, je bosse à côté ! Je peux laisser une petite annonce ? » fit-elle avec un accent prononcé.
Quand Cadi baissa les yeux pour voir ce que c’était, un sourire se dessina sur ses lèvres. Peut-être qu’elle n’allait pas être dans la merde aussi longtemps qu’elle l’avait pensé.