I - DU SANG ET DES LARMES
Hiver 1994, un mois de février glacial prend place sur l’entièreté des Etats-Unis. Le Texas ne fut pas à l’abri de cette vague de froid. C’est durant cette période, le matin du quatorze février que le petit Luke Riggs a vu le jour dans une petite ville en périphérie de San Antonio au Texas. Les parents, Brad et Monica furent heureux une nouvelle fois depuis longtemps. Le couple allait mal, mais l’arrivée de leur enfant changea l’ambiance et fit affiché des sourires sur les visages des années durant.
Te voilà quelques jours après avoir soufflé tes six bougies. Tu regardes ta génitrice comme un étrange tableau. Des marques un peu partout sur le visage, la femme pouvant à peine tenir debout en se déplaçant et donc forcée à se tenir sur les recoins de chaque meuble et chaque mur. Ton cœur s’emballe quand tu vois ton paternel défoncer la porte, une bouteille d’alcool à la main… Une larme coule et tu sais ce qui allait se passer. C’était plus fort que toi, tu restais planté dans l’encadrement de porte de cuisine sans rien faire. Des goutes déferlaient le long de tes joues et tes yeux devenaient aussi rouges que le sang giclant sur le carrelage. Impuissant, tu observais ton père porter plusieurs coups sur ta mère jusqu’à ce que cette dernière perde connaissance. Laissant le soit disant homme rejoindre le canapé pour regarder son match de baseball hebdomadaire, tu te précipitais aux côtés Monica, ta génitrice qui ne bougeait plus. Les larmes ne cessaient pas de couler, tandis qu’elle ne se réveillait pas, tu pensais qu’elle était partit dans un monde meilleur que celui que son mari lui avait offert. Ce dernier ne tarda pas à venir te saisir par le col pour aller t’enfermer dans la cave pendant deux jours.
« Arrête de chialer. Les vrais hommes ne pleurent pas, p’tit. » Aucun aperçu de la lumière du jour pendant deux journées et une nuit. Une cave humide et remplie d’araignées… Tu avais faim et ta mère devant attendre le soir pour te faire sortir et te servir un bon diner quand ton paternel partait pour vadrouiller du côté des bars. Ses doigts caressant ta tignasse, tu lui souriait. Elle t’aimait plus que tout au monde et tu le savais bien. Elle mettait sa vie en danger, mais tu ne le voyais pas… Heureusement ton père n’était pas rentré cette nuit là et tu allais dormir aux côtés de ta génitrice qui avait grandement besoin d’affection.
Le matin même, tu te réveillais seul et tu entendais une voix masculine familière, mais qui n’appartenait pas à Brad, ton père. Tu descendais les escaliers à pas de velours et tu rejoignais le coin de la cheminée en toute discrétion.
« Tu dois divorcer, Monica parce-qu'un jour, ça finira mal. » Dis l’homme qui se tenait dans la cuisine. Un court silence laissait entendre les faibles pleurs de ta mère.
« Matthew… Promets-moi de prendre soin de mon Lukas s’il m’arrivait quelque chose. » Sa main s’accrochait à la veste de l’homme qui soupirait un instant. Tu souriais en ayant reconnu le prénom de ton oncle et tu pouvais apercevoir un hochement de tête venant de la part de celui-ci.
« J’te le promets oui. Préserve-le de la folie de son père ou alors j’m’en chargerais. » Un cri de peur s’extirpait des entrailles de Monica.
« Ah ! Non, Matt ! T’as pas intérêt de toucher à Brad… Bon aller, vas t’en il va bientôt renter. Tu iras chasser avec Lukas demain, il ne doit pas sortir aujourd’hui. » Ton oncle tourna les talons et s’en alla après t’avoir lancé un bref sourire ainsi qu’un clin d’œil.
Désormais tu avais huit ans et les jours étaient bien plus sombres que par le passé. Les seuls bons moments que tu passais étaient en compagnie de Matthew, ton oncle. Ce dernier venait t’enlever plusieurs matins par semaine pour t’emmener chasser le faisan et le chevreuil. Tu aimais te tapir dans l’ombre pour attraper les lièvres piégés. Ton oncle était un excellent chasseur et celui-ci était fier de toi.
« Tu seras un très bon chasseur plus tard, j’en suis certain. » Souriant par la suite et tapotant à plusieurs reprises ta joue droite rosée. Mais soudain, l’homme qui te faisait face grossissait ses mirettes et entrouvrait sa cavité buccale tout en relevant le regard. Tu te tournais vers ta maison et à ton tour tu pris l’exacte et même expression que Matthew. Ta mère qui était la personne que tu chérissais le plus au monde, se balançait au bout d’une corde. Ton oncle t’attrapait par les aisselles pour te mettre dans l’arrière de son 4x4.
« Bouge pas d’ici, Luke. » Armant sa carabine, l’homme galopait en direction de la demeure et s’arrêtaient quelques instants au pied du chêne pour faire descendre sa jeune sœur. Le froid du matin te congelait et tu n’osais pas bouger… Tu étais terrifié et tu n’arrivais même pas à verser une seule larme. Un coup de feu retenti depuis ta grande maison, les oiseaux déguerpissait des arbres pour se réfugier plus loin. Un nouveau coup de feu se fit entendre sur le domaine de ton père. Tu te collais dans le fond de ton siège jusqu’à l’arrivée de Matthew. Ce dernier se mit au volant de son véhicule et ne prononçait aucun mot jusqu’au démarrage du moteur.
« Tout ira bien, mon bonhomme. » Un sourire pour te rassurer, tu ne te doutais pas encore que ta vie allait complètement changer.
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II - TU NE TUERAS POINT
Désormais, tu habitais chez ton oncle Matthew et ta tante Emma en plein cœur de San Antonio. Tu vivais au sein d’un foyer aimant et tes tuteurs étaient des plus protecteurs à ton égard. Tu avais douze ans et il t’arrivait de moins en moins d’accompagner ton oncle à la chasse. La seule chose qui te préoccupait était cette fascination pour le contact humain et tu mettais la tête dehors quasiment tout le temps que ta tante s’ennuyait de ton absence, elle qui n’avait jamais pu être mère auparavant. Tu étais doué pour le contact avec les autres et les gens semblaient être rapidement envouté par ton charisme. C’était sans compter ce sourire sur tes lippes apprécié par bon nombre de filles de ton âge.
Malheureusement pour toi, cette jolie vie ne dura pas. Tu mis les pieds dans le salon une nuit et quelqu’un qui était là, tapis dans l’ombre, t’empoigna rapidement et te mis dans les vapes l’instant suivant. La vue trouble et l’ouïe brouillée, tu te savais au bord d’un van… Une grande peur envahit ton corps et ton esprit, les mains tremblantes et les battements de ton cœur s’accéléraient. S’en suivit d’un évanouissement. Le réveil ne fut pas brutal, mais plutôt inquiétant. Tu ne te trouvais plus dans ce véhicule étranger, mais bel et bien dans une pièce sombre et étroite te rappelant avec stupeur la cave de ta vieille maison d’enfance. Une larme s’écoulait de ta joue, comme si tout se liait à cette époque que tu voulais tant oubliée… Mains et poings et liés, tu te débattais, mais rien n’y faisait tu étais prisonnier.
Trois jours, c’est le temps que tu avais passé attaché à cette chaise sans boire ni mangé. Seules les gouttelettes de pluie s’écoulant d’une toute petite fenêtre t’abreuvaient en conséquences. Quelques minutes plus tard, un homme bien plus vieux que toi entra dans la pièce. Sans dire un mot, l’inconnu t’empoignait de la même manière que la nuit de ton enlèvement et tu faisais rapidement le lien. Te déposant sur un banc aux côtés d’autres jeunes, ton nez sous une assiette, tu t’empressais de dévorer le contenu de ta gamelle et de ton verre. Sans dire un mot, tu observais les autres tout autour de toi. Puis, des hommes en tenue de garde vinrent dans ce drôle de réfectoire pour vous rassembler dans une immense cours.
« Vous êtes présents en ces lieux parce-que vous avez été choisis. Le monde compte sur vous et vous en êtes l’avenir. Ici, entre ces murs, aura lieu le début de votre apprentissage. » Certains d’entre vous avez l’air de comprendre les mots de l’homme, mais toi tu étais de ceux qui ne pigeaient rien au délire et tu dû attendre la suite pour comprendre… Le monde est divisé depuis des siècles et des créatures peuplent celui-ci pour le détruire en le mettant à feu et à sang. Les Sionistes qui sont donc les tiens, êtes les bons qui purifient se monde pour le rendre meilleur chaque jour. Pour finir, les humains sont au milieu de tout ça, la plupart sont avec tes frères et sœurs, mais d’autres luttent pour la cause des surnaturelles. Sans oublié, les Nephilims qui étaient les seconds des Sionistes et qui désormais suivent leur propre crédo.
Des mois suivant ce camp, tu rejoignais ton professeur situé au Nouveau-Mexique et tu allais débuter ta véritable formation. Cobalt Weiss, l’homme qui allait faire de toi un des meilleurs sionistes, du moins tu l’espérais. Il était étrange, parlait très peu et n’avais pas l’air vraiment commode. Tu t’abstenais de lui poser mille questions et tu faisais mine d’être bien élevé, du moins ta mère avait bien travaillé pour que tu le sois. Peu importe, Cobalt ne disait que très peu de chose à son sujet et tu t’en tenais à ça. L’homme appréciait ta façon d’être et surtout le fait que tu sois aussi avenant et sociable… Il avait discerné ce talent naturel qui ne demandait que d’être libéré. C’est ainsi que jusqu’à tes vingt-trois ans, Cobalt t’amena sur un nombre incalculable de mission pour exploiter ton talent et devenir un futur grand marionnettiste.
Fiers de ce que vous aviez accompli, ton professeur te donna sa première mission qui lui tenait étrangement à cœur… Enquêter sur une probable chimère qu’il connaissait bien.
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III - BALADE ENTRE LES TOMBES
Avant de partir, l’Ordre te promu officiellement au rang de Chevalier de l’Ordre. Tu n’étais plus ce jeune apprenti, tu étais un soldat qui luttait pour une cause qu’il trouvait juste. Au fond de toi, tu haïssais les créatures, mais sans savoir vraiment pourquoi. Cobalt t’amena donc jusqu’à votre destination finale qui fut la ville de Londres, celle qui l’avait vu naitre. Cependant tu n’aimais pas vraiment l’Europe et encore moins cette île britannique qui t’inspirait bien de mauvais desseins.
Les gens semblaient bien différents que par chez toi et tu n’était pas habitué à vivre ailleurs qu’aux Etats-Unis, mais tu avais déjà connu un changement drastique et tu allais t’adapter au fil du temps, tu le savais bien.
C’est donc vingt-quatre heures après votre arrivée que Cobalt te donna rendez-vous dans un bureau de l’Ordre dissimulé dans la capitale anglaise.
« Durant toutes ces années, j’ai observé et étudié tes habitudes jusqu’à ce que tu n’ai aucun secret pour moi et pour l’Ordre. Compris ton fonctionnement mental et la façon dont tu agissais naturellement. Désormais, ce sera à ton tour de procéder ainsi avec ta première cible, comme je te l’ai appris. Seulement, tu dois savoir que cette mission sera difficile pour débuter, mais c’est à toi de faire en sorte que ce soit facile. » Une photo et un nom au dos… Tu attrapais cette image et photographiait ce doux visage dans ton esprit.
Au lendemain, tu partais t’inscrire à la faculté d’Oxford pour te payer des cours de droit. Cette étude allait être ta couverture durant un long moment et ton objectif de changeait pas, celui d’enquêter sur les créatures peuplant Londres.
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